La journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée à Moroni hier lundi, 3 mai, sous le thème «l’information comme bien public». Réunis devant les locaux du quotidien d’Etat, Al-watwan, les hommes et les femmes de la presse ont manifesté leur peine vis-à-vis de la situation que traverse à nos jours la presse comorienne. Ils ont arboré des pancartes, des banderoles que l’on pouvait lire «le journalisme n’est pas un crime », «gardez vos armes et donnez-moi ma liberté» ou «Classement Rsf : notre chute n’est pas irréversible».
Hommage à Ali Abdou
Le secrétaire général du Syndicat national des journalistes aux Comores (Snjc), Chamsoudine Saïd Mhadji, a lu la seule déclaration de la presse. Il a, dans son discours, d’abord demandé à ses confrères d’observer une minute de silence en la mémoire du regretté Ali Abdou, qui fut le premier président du Snjc, disparu dans des circonstances tragiques le mois de décembre dernier. «Aujourd’hui comme hier, nous –journalistes-, exigeons que la lumière soit faite sur les circonstances du décès tragique et prématuré de notre président, Ali Abdou. Nous ne lâcherons rien avant que la lumière soit faite», a-t-il déclaré.
Chamsoudine Said Mhadji a fait savoir que durant cette période de pandémie liée au Coronavirus, le journaliste est de plus en plus sollicité dans son travail. Et dans ce sens, il regrette le fait que «certains leaders tentent d’embastiller, de détourner et d’intimider les médias afin de gêner le travail quotidien des journalistes et surtout entraver la liberté de la presse», a-t-il regretté.
Le secrétaire général du Snjsc a rappelé que les conditions fondamentales de travail des journalistes comoriens sont mises «à rude épreuve». Au classement mondial de la liberté de la presse édition 2021, réalisé par Reporters sans frontières (Rsf), les Comores ont perdu neuf places en 2020. Une chute jugée immense qui s’ajoute de dix-neuf places perdues en 2019. «Pour ceux qui s’interrogent sur les raisons de ce recul alarmant de la liberté de la presse dans notre pays, en voici les causes : agressions, arrestations, intimidations, censures pour ne citer que celles-là», a-t-il dit.
Le rédacteur en chef du quotidien indépendant, La Gazette des Comores, Mohamed Youssouf, regrette de voir que notre pays fait partie des pays où la liberté d’expression continue jusqu’à maintenant d’être bafoué. «Nous sommes arrivés à un stade que cela doit cesser, et que chacun puisse s’exprimer librement sans pour autant offenser ni dénigrer l’autre. Nous, journalistes, avons toujours cette peur d’approfondir une enquête pour chercher la vérité, par peur d’être arrêté.Et cela est anormal», a-t-il déclaré.
Une situation regrettable pour le rédacteur en chef et qui espère à l’avenir que l’Etat va prendre en considération le cri d’alarme des journalistes afin de mieux les aider à exercer leur métier dans les meilleures conditions. Comme le secrétaire général du Snjc, le rédacteur en chef de La Gazette des Comores, a lui aussi eu une pensée particulière pour son confrère Ali Abdou, en ce jour particulier de la presse. Pour Mohamed Youssouf, «Ali Abdou était une personne unique en son genre et sa disparition nous a énormément bouleversée. J’espère que ceux qui ont repris le flambeau aujourd’hui pourront mener à bien les différents projets mis en place par notre frère».
Yahya Zakaria