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Journée mondiale des mangroves I Mwali, bastion d’un écosystème menacé

Journée mondiale des mangroves I Mwali, bastion d’un écosystème menacé

Société | -   Abdillahi Housni

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À l’occasion de la Journée mondiale des mangroves, Mwali braque le regard sur ses écosystèmes côtiers fragiles, menacés par l’érosion, mais soutenus par des initiatives communautaires de restauration et de sensibilisation.

 

Depuis 1998, la Journée internationale pour la conservation de l’écosystème des mangroves est célébrée chaque 26 juillet dans le monde. Elle constitue une nouvelle occasion, chaque année, de sensibiliser les populations à l’importance vitale de cet espace unique. Le thème retenu cette année est : « Protéger les zones humides pour notre avenir ».
Selon un rapport national sur l’environnement marin des Comores, les mangroves y sont peu développées. Elles couvrent une superficie totale de 108 hectares, répartis entre 9 hectares à Ngazidja, 8 à Ndzuani et 91 à Mwali. Sur cette dernière île, les mangroves sont principalement localisées dans le sud, et composées de palétuviers dont les principales espèces sont Rhizophora mucronata, Bruguiera gymnorhiza, Sonneratia alba et Avicennia marina.

Espoirs de restauration et pressions croissantes

À Mwali, trois sites de mangroves sont particulièrement bien développés : à l’est et à l’ouest de Nyumashuwa, dans la région de Mledjele, ainsi que dans la zone entre Wallah et Miremani. Le site de Nyumashuwa, désigné comme site de démonstration des solutions basées sur la nature (SbN) par le projet ReSea (Régénération du paysage marin pour le peuple, le climat et la nature), financé par le gouvernement du Canada, abrite la plus forte concentration de mangroves de l’archipel. Mais entre espoirs de restauration et pressions croissantes, leur avenir reste incertain. En effet, selon les données du Parc national de Mwali (Pnm), l’île a perdu 80 % de sa surface forestière entre 1950 et 2010.


« Les mangroves de Mwali sont des écosystèmes vulnérables. Leur fragilité s’explique par deux grandes catégories de facteurs : climatiques et non climatiques », explique Fahade Said Manini du Pnm. Les facteurs climatiques incluent l’augmentation des températures, la diminution des précipitations, la variabilité des cyclones et tempêtes, ainsi que l’élévation du niveau de la mer. Les facteurs non climatiques, quant à eux, concernent la dégradation des habitats en amont, l’érosion, la sédimentation et la pression humaine, notamment la coupe de bois de mangrove. Parmi ces derniers, l’érosion est le facteur le plus visible et le plus destructeur, particulièrement à Nyumashuwa, où les vagues puissantes et les fortes houles repoussent le littoral, entraînant une importante sédimentation dans les zones de mangroves. L’expansion agricole contribue également à la dégradation des bassins versants proches de ces zones. Les pluies torrentielles de la mousson représentent, elles aussi, une menace.


«Pour contrer ces menaces, le projet ReSea mise sur des approches inclusives et sensibles au genre, favorisant une gestion responsable et la résilience climatique. Il poursuit ses efforts pour étendre son impact en promouvant la conservation et la restauration des écosystèmes côtiers et marins, en protégeant les habitats clés des espèces marines et en assurant une protection physique aux communautés côtières», déclare Loubna Salami Hamid, responsable des SbN au sein du projet. Selon elle, le site de Nyumashuwa illustre une conservation efficace menée par la communauté, liant la santé des écosystèmes à des pratiques durables dans le cadre de l’économie bleue.

« À l’occasion de la Journée internationale pour la conservation des mangroves, nous appelons les gouvernements, la société civile et le secteur privé à accélérer et renforcer les investissements dans des solutions locales et inclusives, qui protègent à la fois les mangroves et les communautés qui en dépendent. C’est aussi une précieuse opportunité de sensibilisation des populations locales à l’importance des mangroves dans notre quotidien, en particulier pour des nations insulaires comme les Comores », déclare Mouktafi Said Ramadane, directeur régional de l’Environnement et des Forêts du paysage marin de Mwali. Il précise que ce projet soutient les efforts de sensibilisation et de promotion des solutions fondées sur la nature dans le paysage marin de Mwali.

Une vaste campagne de reboisement de palétuviers

Cette initiative bénéficie de l’appui d’associations communautaires. Il y a quelques mois, l’Association des Jeunes solidaires pour la gestion des déchets à Wallah-Mirereni (Ajsgdo) a lancé une vaste campagne de reboisement de palétuviers pour protéger la zone côtière de Wallah, également appelée Wallah-Mirereni, et lutter contre la dégradation de l’environnement. À Nyumashuwa, l’Association pour le Développement socioéconomique de la ville (Adsn) a mis en œuvre un programme de plantation de 2 076 plants de mangrove tout le long du littoral. Lors de notre passage dans le village de Wallah-Mirereni, ce samedi 26 juillet, nous avons pu constater que plusieurs palétuviers plantés l’an dernier sur l’une des plages se développent bien, malgré la lente croissance propre à ces arbres. Pour rappel, les mangroves offrent un abri à de nombreuses espèces animales et jouent un rôle fondamental de nurserie pour les poissons.


Des études scientifiques ont montré que les mangroves peuvent stocker jusqu’à dix fois plus de carbone par hectare qu’une forêt terrestre classique. Elles constituent ainsi un atout précieux dans la lutte contre le changement climatique. Elles représentent en outre une solution naturelle pour freiner l’avancée de la mer, un problème majeur dans plusieurs villages de l’île de Mwali.

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