Tous les 16 octobre, le monde célèbre la Journée mondiale du pain (Jmp), une initiative lancée en 2006 par la Fédération internationale des boulangers (Fib) et la Fao (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). Cette journée vise à rendre hommage aux boulangers et à sensibiliser sur l’importance du pain dans l’alimentation mondiale. Mais aux Comores, cette célébration passe totalement inaperçue.Certains boulangers de la capitale estiment que cette absence de reconnaissance traduit un manque de considération pour leur profession, pourtant essentielle à la sécurité alimentaire. «Le moment est venu pour nous regrouper en syndicat comme les autres corps, afin de donner une véritable réputation à notre travail, devenu de plus en plus difficile», confie un boulanger de Moroni Philips. Ils soulignent les conditions souvent pénibles de leur métier : travail de nuit, absence de couverture sociale, manque de garanties en cas de maladie ou d’accident. Malgré leur rôle clé dans la lutte contre la faim et le chômage (le secteur emploie une quinzaine de boulangeries rien qu’à Moroni), ils se sentent oubliés.
«Nous n’observons jamais de grève, par respect pour les consommateurs, mais cela ne veut pas dire que nos conditions sont bonnes», expliquent Saïd Hamidou et Ridjali Abdou. Un patron de boulangerie, qui a souhaité garder l’anonymat, confirme les difficultés croissantes du secteur. Selon lui, la hausse des prix des matières premières, des impôts et des droits de douane, ainsi que la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, freinent considérablement l’activité. «Les délestages récurrents achèvent de nous décourager», ajoute-t-il, tout en appelant à davantage de formations professionnelles accessibles.
Les difficultés croissantes du secteur
Du côté des grandes enseignes, certains se veulent rassurants. Aboulher Omar, administrateur aux établissements Nassib, affirme que ses boulangers bénéficient de conditions de travail correctes. «Nous veillons à leur bien-être et les rémunérons selon leur expérience, leur production et leur assiduité», assure-t-il.Mais pour de nombreux professionnels, la question de la représentation reste prioritaire. La création d’un syndicat des boulangers comoriens apparaît désormais comme une nécessité pour défendre leurs droits, améliorer leurs conditions et redonner au pain, symbole universel du partage, la place qu’il mérite dans le pays.