Le ministre de la justice, Djaé Ahamada Chanfi a rencontré les représentants du barreau de Moroni pour “des échanges directs” quelques heures avant le terme de l’arrêt de travail de 48 heures déclenché par les avocats. Cette rencontre était une occasion pour le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Mohamed Abdouloihabi d’informer le ministre de la Justice de la réception de trois courriers émanant du procureur général.
Il s’agit d’un avis de poursuite pénal engagé contre Me Idrisse Mzé Mogne, d’une autorisation d’un sit-in dans l’enceinte du palais de justice et la saisine du conseil de discipline de l’Ordre à l’endroit de ce même avocat. Au sujet de cet avis de poursuite, le chef du parquet général, Mohamed Soilihi Djaé a informé le bâtonnier de l’Ordre que “conformément à la loi et aux règles, procédurales, une poursuite pénale est ouverte contre Me Idrisse Mze Mouigni, pour injure publique, diffamation et outrage à un magistrat”.
Quant à l’autorisation du sit-in dans l’enceinte du palais de justice, en réponse au courrier du 10 juin, demandant cette autorisation, le procureur général a donné une réponse limpide au bâtonnier de l’Ordre. “Pour garantir les intérêts des usagers de la justice et le fonctionnement régulier de l’administration, je vous communiquerai dans le plus bref délai le jour, l’heure et le lieu où vous pouvez exercer ce sit-in sans pour autant perturber le fonctionnement régulier de l’administration judiciaire, ni compromettre les intérêts suprêmes des justiciables”.
Ces courriers et le malaise qui règne entre magistrats et avocats au palais de justice de Moroni ont été au cœur des échanges entre le Garde des Sceaux et cette délégation du barreau. Selon le bâtonnier de l’Ordre, pour dissiper ce malaise, une solution devrait rapidement être trouvée, citant notamment des rencontres régulières entre les deux corps. “Ces échanges devraient servir de cadre pour les deux corps d’aborder plusieurs sujets de frustration au lieu de les régler par les arrestations ou des punitions à la va vite”, a-t-on souligné. Pour le bâtonnier, “ces moments de rencontres entre les deux corps ne signifient pas que les avocats veulent se dédouaner de leurs manquements. Si les manquements sont graves, le conseil de discipline va s’en charger”.
Des relations professionnelles fragiles
De son côté, le Conseil supérieur de la magistrature peut aussi sanctionner un juge en cas de manquements de sa part. Par rapport à la grève entamée, les avocats ont clairement fait savoir au ministre de la Justice la nécessité de retirer la sanction qui pèse sur leur confrère étant donné qu’une saisine du conseil de discipline a été déjà introduite. “S’il n’y a pas un retrait de la sanction d’ici lundi, il y aura un sit-in dès ce mardi et un boycott des audiences, nous espérons ne pas en arriver là”, a déclaré Mohamed Abdouloihabi, peu après la fin de cette rencontre.