Achmet Saïd Mohamed, malade, est toujours en prison. Et ce malgré une ordonnance du juge datée du 27 mai qui demande l’admission de l’homme politique de 48 ans au service de santé militaire. Toute la journée du mardi, son avocat, Me Djamal El-dine Bacar, et la mère du mis en cause, Amina Djohar, ont campé devant le portail de la maison d’arrêt de Moroni.
«L’admission de mon client à l’hôpital n’est toujours pas effective, faute de coordination entre les autorités judiciaires et le centre hospitalier», a réagi le conseil, contacté par nos soins. «Je crois qu’avant d’ordonner qu’un détenu soit placé dans un centre hospitalier précis, il faudrait au moins discuter avec ledit centre», a-t-il regretté. Ce préalable, selon l’avocat, est du ressort du parquet de la République, qui n’a pas donné suite à nos appels et message.
Le leader du Mouvement Hury, «enlevé» le 9 janvier peu avant la tenue du premier tour de la présidentielle, devait être admis au service de Santé militaire de Moroni depuis lundi pour «une durée de 20 jours, renouvelable une fois». Atteint d’une maladie en lien avec ses vertèbres, il risquerait «une paralysie des membres inférieurs», s’il ne bénéficiait pas de soins appropriés. Il souffre de cette affection depuis longtemps mais elle se serait aggravée en prison.
«Les médecins de la maison d’arrêt avaient préconisé un transfert à El-Maarouf sous le contrôle du ministère de la Santé pour éviter ces aléas, mais le juge a préféré qu’il soit sous celui de l’Etat-major», avance notre interlocuteur. Me Djamal El-dine Bacar ne cache pas son désarroi. «C’est inadmissible qu’un détenu souffrant depuis des mois soit encore en prison plus de 3 jours après avoir difficilement obtenu son transfert en milieu hospitalier». La demande d’hospitalisation, accompagnée d’un rapport médical a été envoyée au juge depuis le 3 avril, qui dispose d’un délai de 5 jours pour y répondre.
Achmet Saïd Mohamed est inculpé notamment «pour des faits d’attentat et de complot contre l’autorité de l’Etat». Exilé en France au lendemain de la présidentielle de 2019, il est revenu aux Comores en 2023. Sa candidature à la magistrature suprême n’ayant pas été retenue par la Cour suprême, il a apporté son soutien à Salim Issa Abdillah du parti Juwa, de l’ex-président Sambi.