Libre ! Après plus de vingt jours de détention, Fatima Mze Saïd a quitté la prison de Moroni ce lundi 12 août, en fin de matinée. C’est son avocat, Me Djamal El-dine Bacar, qui a annoncé la nouvelle en postant une photo sur sa page Facebook, où il apparaît aux côtés de sa cliente, avec la légende «enfin libre».
Au moment de la rédaction de cet article, l’avocat de la militante des droits humains n’avait pas encore pu consulter l’ordonnance de remise en liberté. Il était donc trop tôt pour connaître les éventuelles conditions attachées à cette libération. Néanmoins, Me Djamal El-dine Bacar a confirmé que Fatima Mze Saïd était autorisée à rentrer chez elle, sur l’île de La Réunion, où elle s’est installée avec sa famille.
Arrivée aux Comores pour assister au mariage de sa nièce à Fumbuni, sa ville natale, la présidente de l’association Eco-Oi a été arrêtée le 23 juillet, après avoir reçu une convocation l’invitant à se rendre à la brigade la plus proche. Elle a été conduite à Moroni le même jour, où elle a subi une garde à vue prolongée, dépassant les 48 heures prévues par les lois du pays. Le 30 juillet, le juge d’instruction l’inculpera officiellement et ordonnera son placement en détention provisoire à la maison d’arrêt de Moroni.
Elle est visée par 5 chefs d’inculpation : diffusion, divulgation de fausses nouvelles, atteinte à l’image d’une personne, discrédit sur les institutions et leur fonctionnement, injure et diffamation. La plainte proviendrait de l’actuel directeur de cabinet chargé de la Défense, Youssoufa Mohamed AliQuelques heures après l’inculpation de sa cliente, Me Djamal El-dine Bacar avait jugé que les charges retenues contre Fatima Mze Saïd n’étaient pas de nature à la placer en mandat de dépôt. Au-delà de ses prises de positions critiques contre le régime, Fatima, qui est toujours présente dans les rassemblements réclamant le retour d’un état de droit aux Comores, est aussi une femme engagée dans les actions humanitaires.
Elle dirige en fait, à l’île de La Réunion, l’association Eco-Oi, qui travaille étroitement avec le département français dans la prise en charge des malades en provenance de la région, évacués là-bas, dont la plupart n’ont aucun proche sur place.
Fatima Mze Saïd, à travers son association, s’occupe également d’enfants placés, et pas uniquement de Comoriens. D’ailleurs, au lendemain de son inculpation, un collectif s’est formé à La Réunion pour réclamer sa libération. Après son audition par le juge le 5 août, son avocat avait déposé une demande de remise en liberté, qui semble avoir reçu une réponse favorablen.