Le journaliste Abdou Moustoifa a été placé en garde-à-vue depuis hier jeudi 30 janvier après avoir été auditionné par la Brigade de recherche de Moroni suite à une plainte portée par le Parquet de la République. Notre collègue a passé la nuit dans les locaux de la Gendarmerie où il s’était rendu de son gré dans la matinée après un avis de recherche qui lui a été intimé la veille.Le journaliste est poursuivi pour «diffusion de nouvelles fausses et de dénonciation calomnieuse», punis respectivement par les articles 231 et 356 du Code pénal, selon une source proche de l’enquête. Celle-ci précise que «l’infraction en question est commise par voie de presse et donc par moyen de diffusion comme l’indiquent les articles 224, 225, 226 et 227 du code pénal».
Le reporter avait publié un article à l’agence Reuters, repris par de nombreux médias étrangers, interprétant une déclaration faite en langue comorienne par le chef de l’Etat, Azali Assoumani, lors d’un rassemblement politique à Mwali le jeudi 23 janvier dernier. Il avait écrit que «le président des Comores, Azali Assoumani, à déclaré publiquement qu’il comptait transmettre le pouvoir à son fils Nour El Fath, lorsqu’il quittera ses fonctions en 2029, confirmant ainsi les accusations de ses détracteurs selon lesquelles il préparait son fils à lui succéder depuis longtemps». Face à cette interpretation jugée «éronnée et abusive», le service de communication de Beit-Salam a sorti un communiqué pour démentir toute succession familiale du pouvoir. «Le gouvernement tient à souligner qu’en aucun moment le président Azali Assoumani n’a parlé d’une éventuelle succession de son fils Nour El Fath à la tête de l’État dans ledit discours. Il a plutôt parlé ‘’d’un enfant’’ qui viendrait lui succéder sachant qu’il est coutumier aux Comores de qualifier tout citoyen ‘’d’un enfant’’ sans nécessairement parler de sa propre progéniture». Le communiqué à rappelé, avec insistance, la volonté du président de la République, réaffirmée sur France 24, de laisser tourner la présidence tournante avec l’élection d’un successeur originaire de l’île de Ndzuani en 2029.
Le journaliste a publié un autre texte le lendemain reprenant le démenti et les clarifications faites par la présidence. Des ténors du pouvoir avaient tenu une conférence de presse pour déplorer «la déformation» des propos du chef de l’État notamment lorsque dans le même article, il est écrit : «Je placerai mon fils pour me remplacer à la tête de l’État et du parti». Les autorités avaient alors dénoncé «le décalage» entre «le message du président et le contenu du texte» incriminé.
Le parquet n’a pas souhaité faire le moindre commentaire sur la procédure engagée contre le journaliste «avant la transmission du dossier» probablement ce vendredi 31 janvier. Hier, le Syndicat national des journalistes comoriens (Snjc), exprimant, «sa profonde inquiétude» a demandé ‘«a libération immédiate et sans condition d’Abdou Moustoifa», ajoutant que «les questions liées à l’éthique et à la déontologie journalistiques relèvent du Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa), l’instance compétente pour réguler le secteur des médias».