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Justice | L’affaire sur viol suivi d’un meurte : Une enquête sans fil

Justice | L’affaire sur viol suivi d’un meurte : Une enquête sans fil

Société | -   Nourina Abdoul-Djabar

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Depuis la découverte du corps d’Echat binti Youssouf le 16 février dernier, l’enquête est toujours en cours selon la gendarmerie. Des témoignages pour le moins confus sortent chaque jour. Des journalistes ont mené l’enquête et les versions recueillies se contredisent. Quant au « suspect présumé », il est définitivement en liberté, la justice n’ayant trouvé « aucun lien » avec le meurtre.

 

Echat avait disparu dans la soirée du jeudi 15 février, son corps a été découvert dans la matinée, aux alentours de 8 heures, le vendredi 16 février. Elle aurait eu 12 ans dans deux mois. Elle a été violée, portait une marque d’un coup de couteau derrière sa partie intime. Morte, elle a été jetée dans un puits en face de chez elle. Le lieu où elle a été vue pour la dernière fois, la veille.


Le vendredi, le meilleur ami du père d’Echat, Abdallah, fut arrêté puis placé en garde à vue, ainsi que le père et un voisin. Les deux derniers ont retrouvé leur liberté. Abdallah, le meilleur ami du père d’Echat, était le principal suspect présumé. Après 4 jours de garde à vue et sans preuve le cetenant, il sera libéré par la gendarmerie le lundi 19 février. Dans un communiqué du procureur de la République publié dans lequel il est dit que «au cours de l’enquête, il est présumé que le jeudi 15 février 2024, Abdallah se trouvait dans la région de Hamahamet avec le père de la fillette depuis 11 heures du matin et qu’ils étaient de retour à Moroni à 19 heures ».


Cet alibi tenu par Abdallah a été confirmé par le père ; ils étaient dans la région de Hamahame, dans un village situé au Nord-Ouest, appelé Batou. Selon le père et son ami, « le jeudi, nous étions dans le Hamahamet. Nous sommes rentrés à Moroni qu’à partir de 19h », ont-ils confirmé à maintes reprises, ce qui a été cru par les enquêteurs et par tous ceux qui suivent l’affaire de près et de loin.


Au cours de l’enquête, des journalistes ont interrogé la sœur aînée d’Echat, Dayimati Binti Youssouf, le samedi 29. Elle a contredit tout le récit en citant dans un échange avec les journalistes que son père se trouvait chez elle le jeudi à 17h. « J’ai eu une discussion avec mon père à 17h, il ne se trouvait pas à Batou », affirme-t-elle à plusieurs reprises. Le mardi 27, trois journalistes se sont rendus à Batou malgré les fortes pluies. Sur place, les habitants ont entendu parler de l’histoire sur les réseaux sociaux mais n’ont aucune connaissance des personnes concernées. Joint au téléphone pour connaître le lieu exact et les personnes avec qui ils ont échangé, Abdallah a fait savoir qu’ils se trouvaient ce jeudi 15 dans un espace bétonné où la voiture pouvait circuler, « un lieu fictif qui n’existe pas », affirme un habitant du village.

Ce fameux vendredi

Le père d’Echat, quant à lui, indique un lieu où se trouve une grande antenne d’un opérateur, à quelques mètres d’un garage. Or, les propriétaires du garage disent ne les avoir jamais vus ce jeudi dans le coin ou même avant.


Des contradictions s’accumulent depuis le début de l’enquête, tel ce fameux vendredi où le suspect principal présumé, Abdallah, dit être parti chez la victime aux alentours de 8h. Selon un témoin qui était sur place, Chiraki Mohamed Allaoui, un soudeur qui travaille à côté de la victime et près du lieu du crime, dit avoir vu Abdallah aux alentours de 5h du matin. « Vers 5h, j’étais venu récupérer le matériel pour effectuer des travaux dans la maison d’en face. J’ai vu Abdallah, d’ailleurs il a appelé plusieurs fois le père d’Echat. Je n’ai pas fait plus attention parce que ça ne me concernait pas », dit-il.


Il est à noter que le mardi 20, nous avons interviewé le père de la victime, qui affirmait être un ami de longue date d’Abdallah. Cependant, ce dernier n’avait jamais mis les pieds dans sa maison familiale après plus de 10 ans d’amitié.Ce n’est que le lundi 12 février qu’il s’est rendu chez lui, juste la semaine du meurtre. « Abdallah est venu deux fois chez moi, le troisième jour étant le jour du décès de ma fille. J

 

e ne pense pas qu’il la connaissait », a-t-il déclaré lors de son intervention. Cependant, ce discours est contredit par Abdallah lui-même et sa fille aînée du père de la victime, Dayimati, qui affirment tous deux qu’Abdallah était un ami de longue date qui se rendait souvent chez eux et connaissait bien les enfants. «J’avais appelé le père d’Echat au téléphone avant de m’y rendre, et il ne m’avait pas dit que sa fille avait disparu. D’ailleurs, j’avais ramené des pains pour prendre le petit déjeuner ensemble avant de continuer notre journée », avait confié Abdallah. Depuis la libération du principal suspect présumé, la gendarmerie maintient qu’une enquête est toujours en cours. Mais jusqu’à présent, aucune autre personne n’a été appréhendée dans le cadre de cette énième affaire sordide.

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