Mohamed Kassim, également connu sous le nom d’Aha, militant et défenseur des droits des prisonniers condamnés par la Cour de sûreté de l’Etat, a organisé une rencontre avec la presse le samedi 6 mai, à la place Mroni de Mutsamudu, pour parler de la situation de ces derniers et implorer la clémence du président de la République envers eux.
«Nous sommes ici aujourd’hui pour réclamer les droits de nos familles vis-à-vis de nos proches emprisonnés. Nous avons appelé à la mobilisation, et avons invité la presse nationale pour que nos dirigeants entendent nos voix étouffées par l’administration judiciaire de l’île. Nous en sommes arrivés au point où il est impossible de rencontrer le procureur de la République. Nous lançons un cri d’alarme au président Azali Assoumani et à son gouvernement. Nous espérons que nos demandes seront bien accueillies. Ayez pitié de nos proches emprisonnés », s’est-il plaint.
Ayant lui-même passé un an à la prison de Koki dans le cadre d’une affaire qui a été jugée par cette même Cour de sûreté, Aha affirme que certaines personnes croupissent toujours en prison alors qu’elles ont purgé leur peine. «Étonnamment, il y a ceux qui ont purgé la totalité de leur peine et qui ne sont toujours pas libérés. Nous n’avons pas d’avocat pour nous défendre. Nous sommes allés individuellement au palais de justice pour connaître l’évolution de nos dossiers, mais sans résultat», a-t-il regretté. «Aujourd’hui, nous sommes là pour demander la libération de nos maris, pères et frères après quatre ans d’emprisonnement. Nous savons à quel point il est difficile de vivre sans le soutien d’un homme, et combien des enfants risquent de suivre les traces de leurs parents s’ils ne sont pas éduqués par eux», argumente à son tour la femme d’un prisonnier.
Les concessions faites par le chef de l’Etat
Le Collectif dit en fait s’appuyer sur une déclaration d’une autorité, selon laquelle le chef de l’État aurait dit avoir pardonné ces prisonniers condamnés par la Cour de sûreté. «Récemment, nous avons entendu le porte-parole de la présidence de l’Union des Comores déclarer que le président avait pardonné à tous ceux qui avaient tenté de faire un coup d’État contre lui ou de provoquer des troubles dans le pays. Nous croyons en la parole du porte-parole de la présidence et à la miséricorde du président de la République. Nous demandons pardon pour les maux que nos proches ont causés à la société », a persisté le chef de file de ce collectif un peu inédit.
Mohamed Kassim a mal interprété les récents propos du porte-parole de la Présidence de la République, Mohamed Issimaïla. Ce dernier, en train d’énumérer les concessions faites par le chef de l’Etat, Azali Assoumani, à l’opposition dans le cadre du processus électoral de 2024, a rappelé que ce dernier a notamment « gracié des personnes qui ont tenté des coups d’Etat et attenté à la sûreté nationale, pour montrer sa volonté d’instaurer un climat politique sain ». Il faisait allusion aux grâces présidentielles déjà accordées par le passé.