Un agent de la mairie de Moroni, Mze Mbaba, accuse avoir été agressé lundi 27 octobre dans les locaux de la mairie par un policier municipal. L’incident ferait suite à une polémique née après la diffusion d’une vidéo critique à l’égard de la gestion municipale. L’agent, actuellement hospitalisé à l’hôpital de santé militaire, souffrirait de fortes douleurs à la hanche. Selon le témoignage de Mze Mbaba recueilli par Al-watwan à l’hôpital, tout aurait commencé après la publication, le samedi 25 octobre, d’une vidéo dans laquelle il dénonçait selon lui le «mauvais fonctionnement» de la mairie».
La diffusion de cette vidéo aurait provoqué la colère de certains responsables municipaux, insiste t-il. «Le lendemain, des policiers sont venus chez moi pour mettre ma maison sous clé, sur ordre du maire, m’ont-ils dit», poursuit-il. Gardien des engins de la mairie, Mze Mbaba réside dans une maison située à l’intérieur même de l’enceinte municipale. Face à cette décision, il se serait rendu à la mairie lundi matin pour des explications. «À mon arrivée, un policier m’a jeté à terre, m’a traîné et enfermé dans une cellule de 1 h à 4 h du matin», raconte-t-il.
Libéré quelques heures plus tard, il s’est immédiatement rendu à l’hôpital, où il est pris en charge depuis. Contacté par Al-watwan, le maire de Moroni, Omar Mohamed, dément toute implication dans cette affaire. «Le jour des faits, j’étais en réunion. Comment aurais-je pu donner un ordre que j’ignorais ?», affirme-t-il. Le maire précise que la vidéo n’a suscité aucune réaction officielle au sein de la mairie et qu’il n’a été informé de l’incident qu’après coup. «Dès que j’ai appris ce qui s’était passé, j’ai demandé qu’on libère Mze Mbaba, surtout compte tenu de son âge», ajoute-t-il.
Des excuses
Le secrétaire général de la mairie, Maoulida Ben Ousseine, livre pour sa part une version plus nuancée. Selon lui, le chef de la police municipale aurait eu une discussion tendue avec Mze Mbaba après la publication de la vidéo. «Il voulait simplement lui faire une remarque, mais les échanges ont dégénéré», explique-t-il. Toujours selon le secrétaire général, lundi, le gardien serait revenu à la mairie «très en colère», proférant des propos insultants à l’encontre du maire. «L’un des policiers présents a voulu le calmer, mais Mze Mbaba était très agité. C’est à ce moment-là que la situation a dérapé», poursuit-il, affirmant que «personne ne l’a volontairement agressé».
Il ajoute que Mze Mbaba aurait ensuite présenté ses excuses à l’agent avant de demander à se rendre à l’hôpital, se plaignant de symptômes liés au paludisme.
Son fils, Djohar Ben Ali, également employé à la mairie, confirme que son père a été hospitalisé mais relativise les faits. «Mon père est âgé et parfois confus. Les médecins disent que son hospitalisation est due au paludisme», confie-t-il. Alors que la mairie assure qu’il ne s’agit pas d’une agression délibérée, Mze Mbaba, lui, parle d’un acte de violence injustifiée. Il demande que la lumière soit faite sur cette affaire. «Un dialogue aurait suffi. On n’avait pas besoin d’en arriver là», conclut-il.

