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La presse comorienne, entre progrès et obstacles

La presse comorienne, entre progrès et obstacles

Société | -

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Si la presse nationale peut se réjouir de travailler dans un climat apaisé, comparativement à d’autres pays, il n’en reste pas moins que l’absence d’accompagnement de l’Etat condamne l’espace médiatique national à se réduire progressivement. Avec comme conséquence la «retraite anticipée» pour de grands noms du journalisme comorien.

 

Le monde célèbre ce mercredi 3 mai la journée mondiale de la presse. Les journalistes profitent souvent de cette date pour parler de l’état de la liberté de la presse dans le monde.

Il faut dire que nombreux sont ceux qui exercent aujourd’hui ce métier dans des conditions très difficiles, souvent sous des régimes dictatoriaux où la moindre critique est réprimée dans le sang. «Relativement, l’état de la presse comorienne n’est pas totalement déplorable.

Certes, beaucoup reste à faire mais l’on doit quand même admettre les progrès enregistrés dans le métier par rapport aux années précédentes», estime El-Had Said Omar, directeur général du quotidien indépendant La Gazette des Comores.

Pour lui, l’absence d’un journaliste en prison «témoigne bel et bien de l’indépendance de la presse comorienne». D’autres pourraient, cependant, interpréter cela comme plutôt la preuve d’un certain «manque d’audace» de la part des journalistes comoriens.

Il faut dire que si la presse nationale peut se réjouir de travailler dans un climat apaisé, comparativement à d’autres pays, il n’en reste pas moins que l’absence d’accompagnement de l’Etat condamne l’espace médiatique national à se réduire progressivement. Avec comme conséquence la «retraite anticipée» pour de grands noms du journalisme comorien.

 

Pour Ali Moindjié, ex-directeur de publication de deux journaux (Al-watwan et Albalad), aujourd’hui membre du Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa), la presse comorienne a perdu de son lustre.

Il estime qu’avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication (Tic), notamment les réseaux sociaux, les journalistes doivent faire preuve, en permanence, d’ingéniosité. «Avant, le journalisme était réservé à une poignée de personnes.

Aujourd’hui, la presse comorienne rivalise avec celle du continent, voire la presse internationale. Ainsi, les compétences du journaliste comorien doivent-elles être renforcées», soutient-il. Un avis que partage aussi le patron de La Gazette.

Les deux professionnels déplorent certaines contraintes du métier, notamment la rétention de l’information. Les Comores font, en effet, partie «des rares pays où il est difficile, pour ne pas dire totalement impossible, d’obtenir des informations, même si elles concernent les institutions étatiques».

A en croire  Ali Moindjié, cette «omerta» de la part de ceux qui détiennent les informations paralyse le développement du métier.
Pour assurer le développement de la presse, El-Had Said Omar plaide pour la mise en place d’un fonds d’appui. Promis par les précédents gouvernements, il n’a, cependant, jamais vu le jour.

La formation des journalistes reste également l’une des urgences du métier. Depuis la fermeture de la section journalisme à l’ancienne Ecole nationale d’enseignement supérieur de Mvuni, au milieu des années 80, ceux qui souhaitent apprendre le journalisme sont obligés de partir à l’extérieur.

Certains ont appris le métier sur le tas. Ali Moindjié suggère enfin une campagne de sensibilisation auprès des autorités mais aussi au niveau de la population, pour qu’elles comprennent la nécessité pour le pays de disposer d’une presse indépendante sans laquelle on ne peut parler de démocratie.


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