Ce jeudi après-midi, un habitant de Pagé, à qui Al-watwan demande si le riz arrivé au port de Mutsamudu depuis le mardi est parvenu jusqu’à lui, répond par la négative. Et lorsqu’on souhaite savoir ce qu’il mange à la place du riz, il répond avec un sourire amère : «tu ne me croiras pas, Je mange de la bouillie de maïs». Ndzuani est l’île de l’archipel qui consomme le plus de riz : entre 65 et 90 tonnes par jour, selon les périodes de l’année. Mais elles sont nombreuses les familles de Ndzuani qui se sont mises à d’autres régimes alimentaires malgré elles, depuis que ce céréale très prisé est devenu introuvable, cela fait déjà plus d’un mois.

65 et 90 tonnes par jour

La pénurie est arrivée subitement, et a pris la population de court. Et très vite le prix est monté en flèche : jusqu’à 10 000 francs le sac (certains marchands préfèrent alors le vendre au détail à 400 francs le kilo), qui en valait jusque-là 7.000.Du côté de l’Onicor (Office national d’importation et de commercialisation du riz), l’on n’a jamais admis qu’il y avait pénurie, et pourtant la société elle-même n’avait plus de riz dans ses magasins.

Dans une déclaration à la radio au début de ce mois de juillet, le directeur régional avait mis en garde «les commerçants qui cachent le riz pour en faire monter le prix». Il avait ensuite annoncé le dépotage, dans les jours qui suivaient, de vingt-cinq conteneurs de riz qui étaient bloqués au port depuis des semaines. Il avait enfin promis l’arrivée prochaine de deux cargaisons du produit, l’une d’une centaine de conteneurs, et l’autre de douze mille tonnes de riz en vrac. Mais depuis, peu d’eau a coulé sous les ponts.