La société Comores Télécom a officialisé vendredi dernier son basculement vers le Gateway. Si la société publique de téléphonie s’est contentée de publier un communiqué succinct, sans donner plus de détails, il s’avère que ce transfert de trafic international suscite déjà «des inquiétudes» auprès de certains opérateurs étrangers qui opèrent dans l’archipel. Moins de trois jours après le lancement virtuel de ce système de contrôle, Comores Télécom est confrontée à un problème de taille.
En effet, dans des documents auxquels Al-watwan a eu accès, le groupe Telco OI (Only à Mayotte) reproche à l’opérateur historique d’avoir fait intervenir une partie tierce qui serait loin d’inspirer confiance.
C’est la raison pour laquelle «dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et conformément à la règlementation internationale, le groupe n’accepte pas de remettre du trafic à des intermédiaires non reconnus et non tenus à des règlementations d’opérateurs sur la confidentialité des données transitant par ses canaux», se justifie le groupe Telco OI. Comores Télécom est «la première victime de ce blocus», explique-t-on. Elle subit à cet effet une coupure des appels en provenance et à destination de Mayotte. Il n’y a donc aucune communication entre Ct et Only. Asteria n’a pas acheté de licence. Pourtant les missions qu’on lui accorde sont normalement réservées à des opérateurs légalement constitués.
«Des pertes considérables»
La liste des répercussions liées à la mise en place du Gateway ne cesse de se rallonger plus particulièrement chez Ct. En une journée, «l’opérateur historique a en effet enregistré une dégringolade des recettes quote-part à hauteur de 20%», selon nos informations. Et-ce depuis qu’ils ont transféré les données à Asteria, le partenaire choisi pour gérer les appels nationaux et internationaux. «Pour la première fois de notre histoire, nous avons plus d’appels sortants qu’entrants. Cela signifie que c’est à nous de payer aux opérateurs internationaux et non l’inverse», déplore une source interne qui suit de près ce dossier. L’opérateur historique fait également face «une dégradation de la qualité des communications voix entrants et sortants» depuis la mise en service du Gatway.
Consciente des risques que représentait cette plateforme, la direction de l’interconnexion avait alerté la hiérarchie sur «les incidences du gatway» surtout s’il allait dans un seul sens. Ce qui est le cas actuellement puisqu’il n’y a que Ct ayant signé le contrat depuis le 4 mars dernier. A travers un courrier adressé au directeur général de Ct datant du mois de mars, dont Al-watwan a consulté, la direction de l’interconnexion avait listé quelques conséquences qui attendaient l’operateur historique. «Il y a la multiplication par 1.5 des charges du trafic sortant. Car il faudra sans doute s’attendre à riposte immédiate des opérateurs internationaux plus particulièrement ceux de Mayotte. Le tarif de terminaisons d’appels sur Ct ayant augmenté lorsqu’elle termine ses appels sur leur réseau», pouvait-on lire dans le courrier.
Le groupe Telco OI a déjà prévenu que s’il acceptait un raccordement avec Asteria, il ne garderait pas les mêmes tarifs que ceux négociés auparavant avec Ct. L’opérateur historique doit s’attendre à une hausse tarifaire de la part d’Only Mayotte. Pour l’instant, Telco Sa fait «preuve de résistance et n’a pas remis son trafic à Asteria». Malgré de multiples les tentatives, la direction de l’Anrtic n’a pas donné suite à nos relances.