L’Assemblée nationale poursuit ses auditions des hautes personnalités de la République. Hier, c’était au tour du chef d’Etat major de l’Armée nationale de se prêter aux questions des députés. Dans un long exposé de plus d’une heure, le colonel Youssouf Idjihadi a parlé du fonctionnement de l’And, de ses missions et dressé un état des lieux de sa situation actuelle. Et ce, avant de faire face aux tirs croisés des auditeurs.
Le premier souci du patron de l’armée comorienne est de soigner l’image de l’institution et lui permettre de jouer son rôle dans la région, à travers une étroite collaboration avec les armées des pays voisins. Il a aussi plaidé pour une révision des textes qui régissent la Grande Muette et pour une réforme de la retraite des militaires, tous grades confondus. «En 1996, l’effectif de l’armée était de 1.200 ; le budget d’alimentation était de 1000 fc pour chaque militaire. Aujourd’hui, nous sommes plus de 2.000, soit presque le double, et ce budget n’a pas connu la moindre augmentation. Cela représente 10 millions de francs par semaine», a-t-il déploré.
En matière d’équipements, le colonel Youssouf Idjihadi a déclaré aux députés que l’And bénéficiait seulement de la générosité de la coopération bilatérale, notamment de la Chine et du Maroc. ‘‘Notre budget ne comprend pas un chapitre Equipements’’, a-t-il révélé. A la question du député Nassim Ahamadi, qui lui a demandé si des éléments de l’Armée nationale pourraient bien participer à la guerre au Yémen, le chef d’Etat major y a opposé un démenti catégorique. ‘‘Jusqu’à présent, aucun élément de l’armée n’est engagé dans une guerre. Mais, nous avons ratifié plusieurs conventions internationales qui engagent notre pays, notamment une convention avec la Ligue des Etats arabes.
Et parmi les points essentiels de cette convention figure la formation des éléments qui vont ensuite constituer une brigade de prévention. Et notre armée s’apprête à se rendre à Riyad dans le cadre de cette formation, qui sera suivie par un don d’équipements et de matériaux», a expliqué le colonel Idjihadi. Par ailleurs, le député Ben Omar a demandé au chef d’Etat-major les dispositions prises devant le climat d’insécurité qui règne à Ndzuani, en citant le lynchage de Branda et le kidnapping de la petite Roukaya, retrouvée morte quelques jours plus tard, mais aussi l’incendie dont viennent d’ê- tre victimes les véhicules de deux commissaires de l’île.
Le colonel Youssouf Idjihadi a promis le renforcement du dispositif de sécurité sur l’île, comme le déploiement de la moitié du Pelton d’intervention de la gendarmerie nationale (Pign). Il a, enfin, fait savoir que l’And manquait d’équipements qui devraient lui permettre d’assurer dans les meilleurs conditions la sécurité intérieure, mais que la République populaire de Chine venait de répondre à ses doléances.