Suivant les enquêtes menées par vos services, peut-on avoir une idée de l’ampleur du phénomène sur les agressions sexuelles ?
La gendarmerie nationale a enregistré 198 cas d’agressions sexuelles de janvier à août 2020. L’on note 107 cas d’agressions déclarées au niveau de Ngazidja et 60 sur l’île de Ndzuani. A Mwali, ce sont 31 cas qui ont été répertoriés depuis le début de l’année. Ces chiffres qui donnent déjà le tournis ne représentent malheureusement que les cas déclarés. C’est dire l’ampleur du phénomène. On imagine donc la réalité si tous les cas été déclarés. Certains sont souvent passés sous silence pour un arrangement à l’amiable entre familles au détriment des mineurs victimes. Une situation qui peut donner une idée sur l’ampleur du problème.
Face à cette situation, quelles sont les actions engagées et la stratégie mise en place par la gendarmerie pour aider à stopper cette recrudescence d’agressions sexuelles sur des mineures ?
C’est la fermeté qui prévaut et nous restons intraitables contre les auteurs de ces actes ignobles. La gendarmerie nationale a mis tous les moyens en œuvre pour traquer les agresseurs sexuels et les traduire devant la justice. Un dispositif en amont a été mis en place dans tous les services et brigades de la gendarmerie nationale au niveau des régions et des îles pour non seulement engager la lutte mais aussi mener une campagne de sensibilisation contre ce fléau. La lutte contre les agressions sexuelles doit être renforcée et tous les acteurs doivent se mobiliser pour qu’aucun cas de viol ou d’agressions ne soit non déclaré ou impuni.
On constate aussi des cas d’agressions commises par les mineurs sur des mineurs. Comment abordez-vous ces situations ?
Il est vrai que des cas d’agressions sexuelles commises par des mineurs sur des mineurs se présentent. C’est une autre préoccupation, une situation spécifique. La gendarmerie y met l’accent pour bien mener la lutte contre toute sorte de viols, d’agressions ou d’abus sexuels. Mais sur cet aspect particulier du problème, au niveau de la gendarmerie, les enquêteurs doivent être faites car il est institué des dispositifs spéciaux pour les mineurs.
A la justice, il y a un tribunal et des juges pour enfants. En prison aussi, il est aménagé un quartier des mineurs. Au niveau de la gendarmerie, nous cherchons à disposer d’un département spécialisé pour les enquêtes sur les agressions, les délits ou les crimes commis par des mineurs.
Comment expliquez-vous la recrudescence de ce fléau de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs ?
Nous constatons une dépravation de nos mœurs. Et la société a sa responsabilité dans cette situation, parce qu’il s’agit d’une question de prise en charge de nos mœurs et de respect de nos valeurs. Nous devons veiller vigoureusement à tout cela et que notre société ne laisse pas tomber ses repères et ses valeurs fondamentales.
Ensuite, les parents sont aussi au premier plan parce qu’il s’agit également d’un problème d’éducation de nos enfants et d’un encadrement de nos familles. Les parents doivent prendre leur part de responsabilité. Et pour le cas des mineurs qui commettent ces agressions, je crois qu’il se pose là aussi un problème d’éducation. Il n’y a pas une prise en charge de nos enfants qui ont perdu les repères pour diverses raisons souvent familiales : déscolarisation, maladie, abandon, divorce des parents
Pour ce qui est de la lutte contre la drogue, quelle est l’action de la gendarmerie sur le terrain ?
Ces derniers mois, la gendarmerie a saisi 232,5 kilogrammes dont 171 kg à Ngazidja et 61,5kg à Ndzuani. Nous avons relevé que les plus grosses saisies ont été effectuées en mer. C’est pour dire que la grosse quantité de la drogue qui entre dans le pays arrive par transbordement. Des contrebandiers sévissent régulièrement en mer. Et il n’y a pas que le trafic de drogue. D’autres produits illicites peuvent entrer dans le territoire illégalement si des mesures ne sont pas prises. C’est pour cela que nous avons renforcé les contrôles au niveau des frontières maritimes et des localités côtières. Des actions de sensibilisation sont menées dans ces villes et villages.
S’agissant de la consommation, la gendarmerie a répertorié certains lieux et maisons de ventes et de consommations de la drogue et de toute sorte de stupéfiants. Et plusieurs personnes ont été interpellées.
On vient d’apprendre qu’un réseau de trafic de faux billets de banque a été démantelé par la gendarmerie nationale. Pouvez-vous nous dire un peu plus ?
C’est vrai, la brigade de recherche de la gendarmerie nationale a démantelé un réseau de fabrication de faux billets de banque. L’enquête se poursuit. Mais, pour le moment, plusieurs, personnes ont été arrêtées à Moroni et qui sont poursuivies pour contrefaçon de billets de banque et escroquerie. Trois faussaires et deux autres personnes ont été présentés au parquet de Moroni et une information judiciaire est ouverte. Certains sont déjà placés sous mandat de dépôt.
M.M
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