Le ministre des postes, des télécommunications, chargé de l’information a effectué une visite de courtoisie samedi au siège du journal Al-watwan où il a passé près d’une heure de temps. Dans son mot de bienvenue, le directeur du journal, Maoulida Mbaé, a remercié le ministre pour cette visite, sachant qu’il est parmi les rares autorités qui ont visité Al-watwan depuis leurs nominations.
42 agents
Pour sa part, le directeur administratif et financier de la maison a fait une brève présentation de la boite, avec deux tutelles, laquelle emploie 42 agents dans des conditions précaires. «74% du budget annuel provient du gouvernement. Sans cette contribution, on ne pourrait rien faire car le journal est déficitaire. Un seul journal papier nous revient à 1.300 francs, nous le vendons à 250 fc. Les 225 francs reviennent au journal et le 25 francs au vendeurs», a détaillé Mohamed Taoufik Thabit, soulignant qu’une grande partie de la subvention sert à payer les salaires. «Nous remercions le gouvernement pour son appui mensuel qui paie les prestations de l’imprimeur, lesquels pesaient sur le journal et constituaient une grande dette», a-t-il déclaré, mentionnant également l’appui annuel de l’ambassade de Chine qui facilite également le fonctionnement.
A son tour, le rédacteur en chef du journal évoquera les difficultés que rencontrent les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions, notamment sur la rétention de l’information, les difficultés d’accès aux sources. Il a déploré surtout le fait d’apprendre les informations importantes du gouvernement ou de l’Etat à travers les réseaux sociaux. «Nous sommes relégués au second plan pour ce genre d’information et ce n’est pas normal», s’est-il plaint.
Abdallah Mzembaba a sollicité la compréhension des autorités sur l’équilibre de l’information et l’apparition de toutes les tendances dans le journal de l’Etat. Le chef de la rédaction n’a pas manqué de mentionner les efforts fournis par le directeur Maoulida Mbae pour faciliter le travail des journalistes, mais estime que ces initiatives doivent être appuyés par les autorités.Pour sa part, le ministre de l’information estime que les contraintes du journal ne sont pas étrangères au gouvernement, d’où son apport, lequel est, selon lui, normal puisque c’est un journal d’Etat.
Traiter l’informationavec hauteur et objectivité
«Vous livrez un produit directement consommé par le citoyen et si un jour le journal ne paraît pas on se pose des questions. Le gouvernement a l’obligation de l’accompagner», a-t-il expliqué. Ahmed Ben Said Jaffar a encouragé la direction à établir un rapport trimestriel sur la gestion de la subvention ainsi que le fonctionnement pour éviter les soupçons.Concernant le fonctionnement du journal, le ministre de l’Information dit «être agréablement surpris» de l’effectif réduit des employés qui font un «travail formidable». Le ministre a félicité Al-watwan qui fait, selon lui, preuve de réalisme et pragmatisme sur ce côté. «Il y a adéquation par rapport à la réalité des choses.
Pour ce qui est du fonctionnement, le ministre Ahmed ben Said Jaffar a regretté que la réaction de certains agents dans les sociétés d’Etat, qui ont souvent l’habitude de vouloir s’approprier les sociétés. «Vous défendez le métier mais la société ne vous appartient pas. C’est un patrimoine de l’Etat. Un agent peut être affecté au ministère pour les besoins du ministère de l’Information», a-t-il nuancé.
Si le ministre de l’information dit être d’accord sur les difficultés que rencontre le journaliste dans l’exercice de sa fonction, il estime que cela peut être lié à plusieurs causes.
Pour lui, le professionnalisme du métier de journaliste fait défaut dans le pays. «Il faut apprendre aux autres qui n’ont pas eu la chance d’apprendre comme vous, la valeur du métier et réfléchir à comment le professionnaliser davantage. L’information peut s’obtenir de partout mais le journaliste doit la traiter avec hauteur et objectivité. Vous devez honorer votre métier et laisser la passion de côté», a-t-il suggéré.