A l’intérieur de la Bic, il n’y avait certes pas grand-monde dans la matinée d’hier, le service minimum était tout de même assuré. A l’extérieur, les grévistes patientaient, tantôt sous un soleil de plomb, tantôt sous une petite pluie fine. A en croire l’une des délégués du personnel, Natalie Mohamed, un préavis de grève a été adressé, il y a plus de deux semaines, à la banque.
Malgré la réunion qui s’est tenue, à l’initiative des grévistes, avec la direction «nos revendications n’ont été pas satisfaites». De guerre lasse, ils ont décidé d’enclencher un mouvement de protestation hier, lequel devrait continuer aujourd’hui. Les revendications, sans entrer dans les détails, portent sur «de meilleures conditions de travail», dixit Mouhssine Nassur, chargé d’affaires professionnelles.
Il y a les anciens délégués du personnel qui ont jeté l’éponge face au silence de la direction par rapport à leurs revendications. D’autres ont pris la place, «sans guère plus de résultats».
Le climat de la Bic, à en croire l’un d’entre eux qui, pour des raisons de sécurité, a requis l’anonymat, est délétère. Il parlera même de «malaise». Avant de poursuivre, il tiendra à préciser que les employés de la Bic «aimaient leur banque». Seulement, «il y a un malaise qui règne depuis quelques années maintenant et malgré toutes nos revendications, rien ne change».
Les manifestants ont en mémoire aussi, la mort d’un de leurs collègues, il y a quelques mois. «Nous ne pouvons rien contre la volonté divine, il est vrai, seulement le montant alloué à l’évacuation sanitaire de 1,7 million de fc est dérisoire». Notre interlocuteur estime que «cette somme équivaut au prix du billet et quand ça se corse, le patient est démuni et laissé à sa seule charge».
A l’en croire toujours, il y aurait un autre employé de la Bic qui se trouverait actuellement à Madagascar. «A lui, on a dit qu’il lui fallait des soins en France, mais comment ?», a-t-il feint d’interroger ?
Les employés reconnaissent une chose : la Bic n’est plus seule, elle a aujourd’hui plusieurs concurrents. Et leurs revendications n’obtiennent qu’une seule réponse : «les résultats de la banque seraient en baisse».
C’est l’ultime réponse accordée aux employés de la banque pour justifier «le manque d’avancement automatique alors que cela est prévu dans les statuts». Selon notre source, il serait aussi question «d’un problème de management au sein de la boite ».
Il y a aussi la question des salaires qui peuvent être «ridiculement bas ». «Un employé qui a un bac plus 4 peut gagner 120.000 francs, une misère dans un pays où tout est cher», dit-il.
Pourtant, le directeur de la banque, lui, toucherait «plus de 5 millions par mois de salaire, sans le logement et la voiture de fonction». Plus loin, il enfoncera le clou : «plus de 500 millions d’assistance technique depuis Paris sont déboursés chaque année par la banque et aucun geste à l’endroit de nos revendications ; aucun».
Al-watwan a essayé de contacter la direction. On lui répondra qu’elle n’avait rien à communiquer «pour le moment». A noter que sur la soixante-dizaine d’employés de la Bic, «six d’entre eux se seraient désolidarisés du mouvement de protestation».