Portant deux casquettes, celle de commissaire du gouvernement et celle de procureur de la République, Mohamed Abdou a rencontré la presse, hier, pour faire le point sur les dernières affaires qui défraient l’actualité comorienne. En précisant dossier par dossier, le parquetier a évoqué l’affaire de déversement des clous sur le tarmac de Bandar Salam, la tentative d’assassinat de l’ancien vice-président Moustadroine Abdou, l’agression du sergent Ali Radjabou, la tentative de déstabilisation du pays et le supposé détournement des fonds du programme de la citoyenneté économique. Dans son intervention, le chef du parquet de la République de Moroni a précisé que cette entrevue avec la presse a pour objet de défendre l’indépendance des magistrats. «Certes nous avons des affaires dans lesquelles des anciennes autorités sont impliquées, pour certaines inculpées et placées en détention provisoire, mais cela n’a rien avoir avec la politique», a déclaré Mohamed Abdou.
Le procureur de la République a également ajouté que «ces anciennes autorités ont commis des infractions, nous avons des faits concrets qui sont là et c’est l’enquête du juge d’instruction qui déterminera les responsabilités des uns et des autres». Une façon pour le chef du parquet de balayer la désinformation de certains qui veulent manipuler l’opinion à tout-va sur autre chose. Le Procureur a laissé entendre qu’il n’y a pas de prisonniers politiques aux Comores. Et que ceux qui sont en détention le sont parce que tout simplement, «ils sont impliqués dans l’une et/ou l’autre des affaires en cours».
Au sujet de l’agression du sergent Ali Radjabou intervenue le matin du référendum, le commissaire du gouvernement a précisé que «sur ce dossier, 26 personnes dont des hommes politiques et des anciennes autorités ont été inculpées. Cette affaire n’a rien de politique, ces autorités ont été privées de leur liberté pour les actes dans lesquelles leurs personnalités se trouveraient impliquées, mais pas pour leurs idéologies politiques». Dans ces précisions, le procureur de la République a ajouté que 26 inculpés sont composés en deux catégories, des exécutants et des commanditaires dont certains parmi eux poursuivis pour incitation à la violence. Sur l’affaire de détournement des fonds du programme de la citoyenneté économique qui a entrainé l’inculpation et le placement en détention provisoire de l’ancien président Sambi, le procureur de la République a axé son intervention sur le comportement de son avocat, Me Mahamoud Ahamada.
Selon le chef du parquet de la République de Moroni, en dehors de la présence d’un officier de police judiciaire au moment des entretiens, «ces mesures infligées à Me Mahamoud Ahamada sont justifiées car les agents qui surveillent l’ancien chef de l’Etat doivent se rassurer que son avocat ne lui donne pas des choses qu’il n’a pas droit d’en avoir comme par exemple un téléphone». A en croire le parquetier, dans les pays développés, les entretiens des avocats et leurs clients sont surveillés via des caméras et les fouilles corporels se font par les détecteurs de métaux. Quant à l’affaire de tentative d’assassinat de l’ancien vice-président Moustadroine Abdou, Mohamed Abdou a déclaré qu’à l’heure actuelle de la procédure, le magistrat instructeur a mis la main sur les supposés auteurs de cette infraction, les indices relevés donnent des renseignements sur les personnes qui sont derrières cet acte. A en croire le parquetier, l’étude balistique réalisée sur les douilles recueillis sur place font un lien avec des autorités de l’île de Ndzuani. «Peut-on dire que cette affaire aussi est politique ? Non», persiste à nouveau le chef du parquet de Moroni.