À l’occasion du Festival du film européen, un long-métrage retraçant la vie de Sittou Raghadat Mohamed, présidente de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés (Cndhl), a été projeté mardi dernier à l’Alliance française de Moroni. L’événement a réuni personnalités publiques et élèves venus découvrir le parcours de cette figure pionnière de la politique comorienne.Financé par l’Union européenne dans le cadre du projet Shawiri, et coproduit par Eces, Art for Development et les éditions Horizons émergents, ce film s’inscrit dans le programme WiP Women in Politics Academy. Il adopte une narration originale, guidée par une jeune participante découvrant le destin de l’ancienne députée à travers lectures et témoignages.
«Je me suis revue jeune»
Ce documentaire de fiction, divisé en cinq courts-métrages, revient sur les étapes clés de la vie de Sittou Raghadat, née en 1952 à Ouani (Ndzuani). Première femme ministre puis députée aux Comores, son combat montre les défis auxquels font face les femmes dans un contexte marqué par les traditions et les inégalités.Le film évoque son enfance marquée par les injustices (Une vie de fille), son mariage forcé (Mariée malgré moi), son éveil militant (Le long apprentissage de ma vocation), son entrée dans le gouvernement en 1991 (L’avènement de la démocratie) et sa victoire électorale en 1993 (L’échec victorieux).
Émue, l’intéressée a confié s’être reconnue dans l’actrice principale : «Je me suis revue jeune, je me vois en elle. À l’époque, être une femme politique était vu comme une insulte. Mon mari était surnommé ‘Monsieur Sittou’ pour le décourager.» Elle rappelle qu’une femme en politique était sujette à suspicion, mais salue les avancées. « Aujourd’hui, on nous applaudit. C’est une victoire. Les femmes aspirent de plus en plus à des postes politiques, des Ong les soutiennent. Même si cela avance lentement, je suis persuadée qu’un jour, une femme sera cheffe d’État », dit-elle.
Au-delà de l’hommage, ce film se veut un manifeste d’espoir et un outil d’éducation pour encourager l’engagement des femmes en politique.Le rugissement de la lionne devient ainsi celui de toutes celles qui refusent de se taire.
