Eric Weber, responsable du programme lecture publique à l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) et Quiterie de Roquefeuil, spécialiste de programme Clac lecture publique, ont effectué une mission d’évaluation de près de dix jours dans les quinze Centres de lecture et d’animation culturelle du pays (six à Ngazidja et Ndzuani et trois à Mwali). Avant leur départ aujourd’hui, ils ont, en compagnie de Wahidat Tadjiddine, directrice générale des arts et de la culture, tenu une conférence de presse hier en fin d’après-midi au restaurant Le New Select pour dresser le bilan de leur mission.
Selon Éric Weber, pour qu’une bibliothèque ou un centre culturel reste vivant, il faut que le matériel, les équipements, les ouvrages, les jeux soient renouvelés parce qu’ils “peuvent vieillir ou tomber en panne”. Il faut aussi “moderniser”. Le conférencier fera ainsi savoir qu’il y a eu une demande de la partie comorienne allant dans ce sens et suite à une proposition de l’Oif, il “nous a été demandé d’effectuer une mission d’évaluation conjointe dans les quinze centres. L’idée consiste donc à voir le fonctionnement et les besoins de chacun de ces centres parce que l’Oif veut répondre à la demande de la partie comorienne”. “Cela veut dire qu’il y aura de nouveaux livres, des jeux et des équipements”, assure Éric Weber. Il y a ainsi une envie d’aller vers le numérique et d’avoir un accès à une bibliothèque virtuelle grâce à un abonnement.
Une mission d’évaluation
Les Clac de deuxième génération sont, eux, déjà entrés dans cette phase. Ainsi, “nous comptons mettre à la disposition des Clac et de leurs usagers, des tablettes, des ordinateurs et des petits boîtiers Wifi. Voilà en conséquence la proposition de l’Oif qui consiste à amener les Clac comoriens vers la modernisation, vers les centres de deuxième génération”. “Mais au préalable, il nous fallait effectuer cette mission d’évaluation”, déclare le responsable du programme lecture public à l’Oif.
Et sans surprise, le constat fait par les deux experts est mitigé. L’évaluation a été faite dans de meilleures conditions, mais les résultats ne sont pas au rendez-vous. “Par rapport à la dernière évaluation qui date d’il y a quatre ans, il y a une baisse importante de la fréquentation qui est le point le plus sensible. Aucun centre n’a augmenté sa fréquentation, mais il y a une volonté de bien faire de la part des associations et des bénévoles”, assure Éric Weber.
Un constat d’autant plus affligeant que les Clac des Comores ont “longtemps eu un rôle de pionnier dans la sous-région notamment grâce à une fréquentation très importante et une gestion rigoureuse. D’excellents résultats qui ont fait que nous avons décidé de passer de dix à quinze Clac”. Et pour l’expert, la cause de cette baisse est l’absence d’animateurs permanents dans les centres, aujourd’hui exclusivement animés par des bénévoles.Dans la convention signée conjointement par l’Oif et les autorités comoriennes, cette dernière a pour obligation de mettre à disposition des Clac des animateurs permanents qui devaient donc assurer le fonctionnement des centres.
Le statut des animateurs permanents
Seulement, quelques années après leurs recrutements, ces animateurs rétribués font partie du passé. Pour Éric Weber, qui dit ignorer pourquoi il n’y a plus d’animateurs permanents, la fréquentation dans les Clac a baissé parce que les centres ne sont pas ouverts suffisamment alors que les gens y sont attachés. “C’est préoccupant, parce que l’Oif remplit sa part du contrat”, affirme le conférencier qui assure que la convention doit être respectée notamment au niveau des animateurs permanents puisque les “Clac ont un impact sur l’éducation des enfants et font la promotion de la culture locale notamment en mettant à disposition des lecteurs des ouvrages d’auteurs comoriens et des activités culturelles nationales”.
Pourtant, tout n’est pas noir dans ce tableau. Pour Éric Weber, “il y a un travail de qualité qui est effectué malgré les difficultés. Des enfants comoriens ont pu réussir leurs études grâce notamment au réseau Clac, mais à l’époque les plages horaires étaient respectées”. Le point vital “est donc l’amélioration des heures d’ouverture parce qu’il n’y a pas, contrairement à ce que beaucoup pensent, une baisse d’intérêt pour la lecture, bien au contraire”. La balle serait donc dans la partie comorienne…