Le Syndicat national des agriculteurs comoriens (Snac), la Fédération des syndicats des agriculteurs (Fnac), le Syndicat des pêcheurs et celui des vendeurs ont tenu hier matin au siège du Snac, une conférence de presse pour dénoncer un dysfonctionnement au sein de l’administration comorienne après que le directeur de cabinet à la présidence Youssoufa Mohamed Ali ait confirmé Mohamed Ali Soilih, comme président de la chambre d’agriculture après une élection “controversée”. Pour contester cette décision, les agriculteurs se disent prêts à observer un arrêt de travail et “à verser leur sang pour le respect des textes”.
Selon le président de la fédération des agriculteurs comoriens, Hamidi Ben Cheikh, la loi relative aux institutions consulaires agricole, élevage et pêche a été bafouée dans cette élection.
J’appelle le vice-président en charge de l’agriculture à prendre ses responsabilités dans cette affaire et faire respecter la loi. Nous voulons une chambre qui peut porter haut l’agriculture que nous puissions nourrir la population comorienne, soutient le président de la Fnac.
Issa Mhadji, président du Snac a rappelé les faits de cette rocambolesque élection qui date de 2015 et qui continue à faire des remous. Dans un premier temps, le directeur de la chambre d’agriculture a été nommé par arrêté ministériel du N°015-001/Mpeeia/ cab du 08 janvier 2015. Mais cette nomination a été révoquée par la commission permanente de production de l’Assemblée nationale en date du 17 août 2015.
“Loi bafouée, élections sabotées”
Celle-ci a demandé à la ministre de l’époque, de respecter les dispositions de l’article 52 de la loi N° 14-014/Au qui voudraient que le directeur général de l’Union des chambres d’agriculture d’élevage et de la pêche soit recruté suite à un appel à candidature.
Par la suite, la ministre de la production de l’époque a convoqué les élections du président de la chambre d’agriculture l’année suivante, en avril 2016. Des élections qui ont été encore une fois annulées par un arrêté du vice-président en charge du ministère de l’Agriculture et de la pêche.
En effet, l’arrêté N°016-024/Vp Mapeath/cab du 31 décembre 2016 du vice-président Moustadroine Abdou, dans son premier article dispose “qu’au vu des irrégularités relevées dans le cadre de l’élection du président et de son bureau de l’Union des chambres d’agriculture, pêche et élevage, ces élections sont annulées”.
Toutefois, selon les conférenciers, un conseiller du même vice-président aurait convoqué des élections le mois de juillet dernier.
Ces élections auraient été sabotées par les agriculteurs et les pêcheurs car “dans ces élections, la loi a été bafouée”. En effet, en son article 42, la loi relative aux institutions consulaires agricole, élevage et pêche dispose que “les membres de la première assemblée insulaire sont désignés par les présidents ou les représentants légaux des associations, coopératives, syndicats et autres groupements, légalement reconnus, qui exercent ou défendent les intérêts du secteur agricole, de l’élevage ou de la pêche dans lequel le candidat exerce une activité”.
Par ailleurs, le 10 juillet dernier, la commission de la production de l’Assemblée nationale dans une lettre qu’elle a adressée au vice-président en charge de l’agriculture a montré son inquiétude sur la tournure et la finalité de l’élection du bureau de la chambre d’agriculture. La commission de la production lui a en effet demandé de reconsidérer cette élection de la chambre d’agriculture “laquelle est entachée d’irrégularités graves”. La commission a recommandé à la vice-présidence “de convoquer l’ensemble des organes des secteurs de l’agriculture pour un dialogue franc et inclusif sur l’avenir de cet organe…”
Mais à la grande surprise des syndicats, fédérations et groupements des agriculteurs et pêcheurs comoriens, le directeur de cabinet à la présidence chargé de la défense aurait confirmé à la télévision nationale, le président élu dans cette élection de juillet dernier, en la personne de Mohamed Ali Soilih alias Momo.
Les conférenciers qui se demandent ce que vient faire le directeur de cabinet à la présidence dans une affaire qui ne relève pas de sa compétence et dont la tutelle est assurée par le vice-président en charge de l’agriculture, appelle le gouvernement à revenir sur cette décision. “On ne peut pas prétendre vouloir installer la paix et la stabilité dans un pays et commencer par bafouer la loi. Nous allons renverser les rôles et faire en sorte que la loi soit respectée” déclare Hadji Msoili.