L’ex-président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi se retire du procès ouvert lundi sur la citoyenneté économique où il est inculpé. La cour a pris acte de son absence ainsi que celle de ses avocats lesquels avaient prévenu qu’ils n’iraient pas à l’encontre de la décision de leur client. Dans une conférence de presse tenue ce mardi, au Golden Tulip, la défense a expliqué les raisons de son désistement.
Les conseils n’arrêtent pas en effet d’exprimer «une crainte d’assister à un procès qui ne sera pas équitable». Parmi les facteurs sur lesquels ils s’appuient, figurent surtout des photos relayées sur les réseaux sociaux depuis avant-hier. Les imagent montrent le ministre de la Justice, Djae Ahamada Chanfi en train de partager un café avec Bachar Kiwan, homme d’affaires franco-syrien, incriminé dans le scandale de la vente des passeports de la citoyenneté économique. Des messages WhatsApp attribués au porte-parole du gouvernement où ce dernier échange avec l’homme d’affaires sur un présumé témoignage contre Sambi en échange d’une grâce.
Récuser
Face à ces révélations, les avocats de Sambi exigent la libération de ce dernier et la suspension du procès pour qu’une enquête soit ouverte. «Cela signifie que tout est joué d’avance. Pas la peine de continuer» insiste la défense. L’avocat de la partie civile assure que «c’est Bachar qui a établi le contact avec le gouvernement comorien indiquant que l’Etat aurait refusé de marchander». Vrai ou faux ? Difficile de l’attester pour l’instant.
Lors de la conférence en effet, nous avons appris que le conseil de Bachar aurait démenti cette version. Me Jean Gilles Hilmi a annoncé le dépôt devant le doyen des juges d’instruction du tribunal de Paris d’une plainte pour tentative présumée «de subornation de témoins». Les conférenciers sont également revenus sur les prescriptions soulevées lundi lors de l’audience, rejetées par la cour de sûreté. «Sambi n’est pas en train de choisir une juridiction qui doit le juger. Pas du tout. Il réclame qu’il soit renvoyé devant la juridiction prévue par la loi. Je rappelle qu’il a le droit de récuser un juge. Ce droit est garanti par nos textes qui donnent autorisation à un prévenu de le faire. Le cas du président de la cour qui a siégé à plusieurs reprises à la chambre d’accusation fait partie des conditions sur la base desquelles, il peut refuser de se faire juger par la personne. Mais on ne fuit pas la justice», a clarifié, Me Ahamada Mahamoud.
Me Fermon a continué sur la même lancée en apportant pour sa part un autre élément motivant le retrait de ses confrères. «Déjà la loi sur l’organisation judicaire supprime le commissaire du gouvernement et la cour de sûreté de l’Etat, une juridiction d’exception, datant de la période du mercenariat. En plus, on nous refuse d’apporter de la contradiction. On a compris qu’on n’aurait pas droit à un procès équitable. Il n’y avait pas lieu de rester», s’est justifié le pénaliste belge. «On est en face d’une justice expéditive», a carrément lâché, Me Fatima Ousseni assurant elle aussi la défense de l’ex raïs, estimant que «le juge qui préside la cour n’a aucune légitimité». Fahmi Said Ibrahim, lui, se demande «comment peut-on juger une personne pour un délit n’ayant jamais été défini quelque part». Malgré ce retrait du procès, les avocats de Sambi assurent que leur client est «prêt à répondre à la justice si tout se fait dans les règles».