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Les Comores, premier producteur d’ylang-ylang I La société Bioylang appelle les autorités à consentir plus d’efforts

Les Comores, premier producteur d’ylang-ylang I La société Bioylang appelle les autorités à consentir plus d’efforts

Société | -   Nassila Ben Ali

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Créée en 2015, la société Bioylang travaille sur la distillation de plusieurs produits de rente comoriens, notamment l’ylang-ylang, le girofle, le gingembre, l’eucalyptus, la cannelle et la citronnelle, entre autres. Elle s’intéresse particulièrement à l’ylang-ylang dont les Comores restent le premier producteur au niveau mondial. Déplorant le manque d’intérêt manifesté par les autorités compétentes, Mahmoud Mohamed Aboud, patron de la société, appelle la population à s’intéresser davantage à la production de cette matière, notamment à la plantation, à la formation sur la technique de distillation, pour devenir riche et faire la fierté du pays.

 

Les Comores occupent la première place mondiale de production d’ylang-ylang. Sur 120 tonnes d’essence produites par an dans le monde entier, les Comores produisent un peu plus de 70, soit plus de 70% de la production mondiale, d’après nos interlocuteurs. A noter que la production de nos voisins malgaches se situe dans une fourchette de 15 à 20 tonnes par an. Sauf que cette domination comorienne n’est pas visible dans le pays où les autorités ont fermé les yeux sur le travail qui se fait et ne font rien pour accompagner les producteurs locaux.
Une attitude que fustige, l’ancien ambassadeur des Comores en Chine et aux Usa qui, depuis 2015, a créé sa société de distillation des huiles essentielles d’ylang-ylang et autres, Bioylang. «Je suis très étonné de ne voir aucun gouvernement agir pour la promotion de la matière, or il s’agit d’un secteur qui peut créer beaucoup d’emplois et apporter beaucoup de richesses à la population. Un secteur dont nous détenons les meilleures qualités», laisse-t-il entendre.

Manque d’intérêt au niveau local

D’ailleurs, nous en avons cinq dont les deux premières du monde», a-t-il déploré, interpelant tout le monde sur le risque de voir cette richesse «comorienne» disparaitre du jour au lendemain.
Mahmoud Mohamed Aboud a soutenu son raisonnement en montrant que les gouvernements manifestent leur intérêt pour la vanille, le girofle, mais jamais l’ylang-ylang, lequel est laissé à la merci des étrangers qui s’intéressent à ce produit. «Ils fixent le prix des deux matières citées contrairement à l’ylang-ylang», a regretté l’ancien ambassadeur mettant en garde la population et surtout les autorités compétentes sur la possible disparition de la matière comme c’est le cas pour d’autres produits. «En 1975, les Comores exportaient une trentaine de produits de rente. Actuellement, il n’a que trois, à savoir la vanille, le girofle et l’ylang-ylang. Ce dernier, malgré notre premier rang mondial, est délaissé et pourrait disparaitre comme les autres», tire-t-il la sonnette d’alarme.


200 francs par kilogramme

Le gouvernement actuel a apporté uniquement son soutien au secteur de la vanille avec 300 millions pour lui permettre de faire face à ses obligations, contrairement aux autres produits de rente. Pour l’ambassadeur, la vanille est un produit dont la récolte se fait une seule fois par an, or pour l’ylang-ylang, on enregistre plusieurs récoltes par an. «J’ai parlé du girofle, mais en réalité celui-ci ne bénéficie d’aucun accompagnement. Au contraire, le gouvernement prend 200 francs par kilogramme. ce qui augmente le prix à l’extérieur alors que le girofle comorien n’est pas compétitif sur le marché international par rapport à celui de Madagascar ou l’Indonésie par exemple.
Au lieu d’aider le secteur du girofle comme il l’a fait avec la vanille, le gouvernement lui soutire de l’argent», a-t-il fait remarquer.
Pour ce qui est de la société Bioylang, elle travaille sur la distillation de plusieurs produits de rente comoriens, notamment l’ylang-ylang, le girofle, le gingembre, l’eucalyptus, la cannelle et la citronnelle, entre autres.


«Je me suis intéressé particulièrement à l’ylang-ylang quand j’étais ambassadeur. J’ai découvert sa valeur, sa rentabilité, son importance et ses richesses tant dans la parfumerie que dans le domaine sanitaire, notamment dans l’aromathérapie», a-t-il indiqué mentionnant son intérêt pour les autres matières précitées. L’ancien ambassadeur a loué des terrains pour assurer sa production. Il a, en outre, indiqué qu’il achète des fleurs auprès d’autres producteurs. «J’ai également planté dans mes propres terrains, il y a trois ans et ça commence à donner des fleurs», s’est-il félicité appelant la population à s’y mettre, sachant que le secteur compte plusieurs filières à savoir des producteurs-planteurs, des planteurs-vendeurs, collecteurs et préparateurs, entre autres.

Plusieurs filières

La Société Bioylang a mis en place un système de distillation par entraînement à vapeur d’eau afin d’extraire les huiles essentielles de ces plantes aromatiques, fleurs et épices. Elle fait partie des rares sociétés qui travaillent dans ce domaine pourtant très porteurs dans le respect de l’environnement avec des alambics au pètrôle et à l’énergie solaire.


Il est à souligner, pour ceux qui l’ignorent, que l’huile d’ylang-ylang reste la reine de l’industrie de la parfumerie. «Le succès de l’ylang-ylang en parfumerie découle de sa capacité à provoquer l’attachement, la passion et l’excitation. Quelques gouttes peuvent fabriquer plusieurs litres de parfum», a révélé le patron de Bioylang avant d’évoquer d’autres profits provenant des essences d’ylang, notamment dans l’aromathérapie contre l’hypertension et le traitement d’autres maladies par le massage.
Pour ce qui est des grandes parfumeries consommatrices d’essences d’ylang, l’on peut citer Channel, un des parfums les plus vendus au monde, il a été créé en 1921. On apprendra que le créateur de Chanel n°5 aurait utilisé plus de 80 senteurs différentes parmi lesquelles l’ylang-ylang comme principal composant.

Les meilleurs parfums du monde

On peut également citer quelques parfums féminins fabriqués à base d’Ylang, le cas de Gabrielle de Chanel, Aromatics Elixir, Ange ou Démon de Givenchy, 24 Faubourg d’Hermès, Coco de Chanel, L’instant de Guerlain, entre autres.
Concernant les perspectives de la société, Mahmoud Mohamed Aboud a fait savoir qu’il envisage se lancer dans la transformation, notamment la fabrication des savons, gels-douche, shampooings ainsi que des huiles de massage et thérapeutiques.


«Effectivement, la société Bioylang dépend généralement de l’importation mais nous avons aussi mis en place des produits destinés à être vendus localement», a-t-il fait savoir incitant tout le monde à s’y intéresser davantage , «un patrimoine national», selon lui qui fait déjà la fierté du pays au niveau mondial. «Plantez l’ylang chez vous et pendant un an vous allez commencer à récolter chaque deuxième semaine. Formez-vous sur la technique facile de distillation, vendez vos huiles essentielles, vous pouvez devenir riche et faire la fierté de votre pays», a-t-il encouragé.

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