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Les Comores pleurent «un patriote, promoteur du Made in Comores»

Les Comores pleurent «un patriote, promoteur du Made in Comores»

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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Omar Mouhsine n’est plus, emporté à 54 ans par le Coronavirus ce 27 janvier à l’aube. De lui, on retiendra le souvenir «d’un homme d’action, volontaire, avec une fibre entrepreneuriale incontestée et incontestable». Il était surtout un homme qui voyait grand et qui pensait à juste titre qu’aucun projet n’était trop grand pour son pays.

 

La nouvelle a eu l’effet d’une bombe. Omar Mouhsine, l’entrepreneur infatigable de 54 ans qui portait le rêve (entre autres rêves) de l’autosuffisance alimentaire aux Comores, n’est plus. Il est emporté par la Covid-19. C’est la consternation, la tristesse, de voir partir un fier enfant comorien avec ses qualités et ses défauts et qui, toujours jusque sur son lit de mort, était dans l’action.
Comme en pareil moment, les hommages n’ont pas tardé à tomber notamment sur Facebook. Des anonymes, des Comoriens plus connus, ont tenu à rendre un hommage appuyé à celui qui toucha à tellement de secteurs de l’économie comorienne, que l’on peut dire qu’il était une partie de son âme. Ce n’est donc pas une surprise si l’Union des chambres de commerce des Comores regrette «la perte d’un grand défenseur de l’autosuffisance alimentaire aux Comores, un opérateur économique d’envergure, propriétaire de plusieurs établissements tels que le Karthala Hôtel, M’houssine CHIPS, M’houssine Farm entre autres».


Hamidou Mhoma, vice-président de la Nouvelle Opaco, organisation patronale, a écrit ceci : «le secteur privé comorien a perdu un patriote, un frère, un ami fidèle, le meilleur d’entre nous. Il a travaillé sans relâche pour ce pays et est un exemple d’humilité et de persévérance».
La mort prématurée de l’homme d’affaires n’a pas affecté que le monde économique. Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale, à travers un communiqué, salue la mémoire de celui «qui a marqué l’histoire de l’entreprenariat comorien par son volontarisme et son engagement avec détermination, dans de nombreuses activités économiques, un patriote promoteur du Made in Comores».


Une autre éminence grise de ce ministère, Ambassadeur de son état, Alloui Said Abasse pour ne pas le nommer, comme souvent, s’est servi de sa plume pour rendre un hommage mérité au regretté. «Lors d’une causerie à bâtons rompus, je lui ai fait comprendre qu’il aurait dû naître dans un pays comme la Chine, la RDC Congo et le Nigeria, tellement les Comores étaient trop exiguës à la lumière de ses ambitions, sans cesse portées plus haut. Sa seule réaction a été un fou rire entrainant à n’en plus finir». Un rire qu’on le devine fort bien et au bout duquel aurait pu surgir une autre question. Cette question, la voici : ce pays était-il trop petit pour lui, ou alors est-ce lui qui pensait que rien n’était trop grand pour ces minuscules cailloux flottant sur cet immense océan ?


Espérance, témérité sont deux vocables qui caractérisaient l’homme d’affaires, comme l’a si bien souligné, Ali Moindjié, journaliste de formation et conseiller au Conseil national de la presse et l’audiovisuel (Cnpa), sur un court texte publié sur les réseaux sociaux. «Omar Mouhsine croyait au potentiel de notre agriculture et y investissait en prenant parfois de grands risques. Il a passé sa vie à créer des entreprises et à rebondir devant chaque obstacle».
Est-il besoin de rappeler les belles âmes rappelées par le créateur, tout au long de l’année qui vient de s’écouler et celle qui s’annonce à peine ? «On n’en mesure pas les conséquences, je pense. Mais elles sont là, nous devenons orphelins. Petit à petit, l’incendie grignote nos arbres centenaires, puis ceux plus jeunes encore verts, qui faisaient de notre forêt, un poumon social, économique, politique et surtout humain», s’est émue, Biheri Said Soilihi, ancienne chroniqueuse de votre journal.

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