Devant les agressions, invectives, les salves verbales et les bousculades qui sont devenus le lot quotidien des journalistes aux Comores, un comité composé de cinq membres de la famille des journalistes est reçu en audience par le chef de l’Etat, hier dans la matinée. Il était, en effet, question de trouver des solutions et pistes à creuser pour faciliter le travail quotidien des professionnels des médias, afin d’en finir avec la pression permanente qui s’abat sur eux. Toufeyli Maécha, Anziza Mchangama, Kassim Oumouri, entre autres, ont exposé les difficultés du métier devant le chef de l’Etat Azali Assoumani.
Selon un communiqué de presse rédigé pour l’occasion, «les représentants des journalistes sont venus faire part d’un certain nombre de doléances au chef de l’Etat, notamment leurs inquiétudes devant un climat tendu selon eux entre les journalistes et certaines autorités du pays. Ils ont demandé que la place et les missions du Cnpa soient plus rigoureusement respectées pour que les qualités et missions des journalistes soient mieux identifiées». Reconnaissant que les journalistes, au même titre que tous les Comoriens, sont des sujets de droits et rappelant que le chef de l’Etat ne rate pas une occasion pour réaffirmer son respect à l’égard d’un métier difficile qu’est le journalisme, le comité représentant les journalistes comoriens a demandé «plus d’égard et d’attention pour ne pas ternir la bonne image de notre pays classé premier dans l’Océan Indien en matière de liberté de la presse» bien que «certaines personnes qui se disent journalistes ternissent l’image du métier par leurs propos».
Pour le président de l’Union, il réaffirme sa «disponibilité à accompagner les médias dans l’exercice de leur métier», tout en interpellant le monde de la presse sur le caractère paisible du pays. Un facteur qui ne serait pas mis suffisamment en lumière par les médias. Revenant sur les doléances des journalistes, Azali Assoumani estime que «les autorités comoriennes traitent les journalistes comoriens avec nettement plus d’égard que de nombreux pays dans le monde. Sans doute que des erreurs sont commises par des responsables et doivent être corrigées. Mais il souhaite que la famille des journalistes soit aussi capable d’autocritique».
Le chef de l’Etat pointera du doigt le fait que «toute personne qui a été animateur de twarab dans son village peut se transformer en journaliste et que le monde des médias puisse avaliser cela sans aucun problème». Une donne qu’il juge «inacceptable». S’il demande de la «modestie et de l’indulgence» aux hommes des médias, Azali Assoumani leur apporte tout de même son soutien en déclarant «qu’il n’acceptera aucune agression physique sur des journalistes, mais s’agissant des agressions verbales comme cette commission de journalistes les a qualifiées, le président Azali est la première victime de ces agressions verbales par des journalistes, entre autres, et pourtant, nul n’est en danger». Pour sa part, il affirme qu’il ne portera jamais plainte contre un professionnel de la presse pour diffamation, calomnie ou toute autre faute. A en croire Beit-Salam, «le journaliste est toujours considéré comme une victime». Au terme des échanges, le président de la République a souhaité la tenue d’une autre réunion élargie avec le Conseil national de la presse et de l’audiovisuel (Cnpa) pour «définir les codes de conduite, les missions, les devoirs et les droits des uns et des autres».