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Les manutentionnaires en grève au port de Mutsamudu

Les manutentionnaires en grève au port de Mutsamudu

Société | -   Sardou Moussa

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Les grévistes réclament des meilleures conditions de travail. Une plateforme de « 39 revendications » a été soumise à la haute hiérarchie de la société manutentionnaire, Anjouan Stevedoring company (Asc). Celle-ci souligne, de son côté, que les demandes formulées par le syndicat sont « exagérées », estimant que les agents sont mieux lotis, comparés aux travailleurs des autres sociétés de la place.

 

Les employés d’Asc (Anjouan stevedoring company), la société manutentionnaire du port de Mutsamudu, observent un mouvement de grève latent, depuis le début de la semaine dernière. L’arrêt complet de travail du mardi a été de courte durée, mais depuis la grogne n’a pas cessé de couver, et le temps de travail est réduit. Une médiation a été tentée par un membre du gouvernement, sans succès. Une commission, composée de syndiqués, de responsables de la société, de représentants du ministère des Transports et de l’autorité portuaire poursuit le dialogue, avec comme objectif de trouver une issue aux innombrables revendications des grévistes, selon Mohamed Salim Allaoui, secrétaire général du Snta (Syndicat national des travailleurs anjouanais), organisation à l’origine de ce mouvement.

La régularisation du statut des employés

Ce dernier a affirmé le vendredi que «jusqu’à maintenant le mot d’ordre de la grève n’est pas levé». Les revendications en questions sont nombreuses. Trente-neuf au total, selon Hadhirou Anfi du Snta. Elles vont de l’indemnité de transport à celle du  risque ou encore aux avancements de salaire. Elles incluent aussi et surtout la régularisation du statut des employés dits «vacataires». «Le fait est que, des trois cents salariés qu’Asc a repris à son arrivée dans ce port, il n’en reste plus aujourd’hui que soixante. Tous ceux qui sont partis depuis ont été remplacés par des vacataires, sous-payés et non titulaires de leurs postes. Cela doit cesser», poursuit le chef syndicaliste.
La grogne de cette fois est partie d’un récent incident, si l’on en croit certains témoignages : la tombée dans l’eau d’un élévateur de la compagnie, qui avait rendu impossible l’accostage des gros navires au port pendant plusieurs jours. «Le travail de manutention est dangereux. Vous voyez que des engins peuvent même tomber à la mer. Mais contrairement aux engins accidentés, qui seront vite remplacés par des neufs car assurés, les employés, eux, ne sommes pas protégés contre les risques. C’est ce qui a mis la puce à l’oreille aux grévistes cette fois», a confié un autre syndicaliste à un confrère de l’Ortc. Il faut peut-être effectivement rappeler que, pas plus loin qu’au mois d’avril dernier, Mohamed Abdou alias Kikas, un pointeur de la société, a trouvé la mort accidentellement au travail, écrasé par un engin. Et il semble que ce soit le troisième employé à mourir ainsi en service, depuis la reprise du secteur de la manutention par Asc en 2003.

De nombreux avantages accordés

Bien entendu, Asc n’admet pas les griefs qui lui sont formulés par les grévistes, et estime que ces derniers sont plutôt mieux lotis, comparés à d’autres travailleurs de nombreuses autres sociétés du pays. «Je n’ai pas réussi à comprendre ce qu’ils revendiquent vraiment. Ils parlent de beaucoup de choses non prévues par les textes en vigueur, tels que les avancements. Il faut noter que d’une manière générale, les conditions de travail appliquées par Asc dépassent de très loin les minima sociaux en vigueur dans le pays et ils [les employés] profitent même de plusieurs avantages non prévues par la loi», estime l’avocat de la société, maître Abdoulatuf Aboubacar. Il s’étonne par ailleurs que ce qui est présenté comme étant le Syndicat national des travailleurs anjouanais ne s’intéresse jamais à une autre société qu’Asc.

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