Des pêcheurs de la coopérative de Fumbuni et de la capitale Moroni s’aventurent au-delà des eaux comoriennes, longeant le canal de Mozambique, notamment dans une zone communément appelée « Lesaroussi », à la recherche de poissons, un risque jugé inutile par certains de leurs confrères, en raison des pertes économiques et humaines qui peuvent en découler.
Deux jours à pêcher
En effet, la rareté des poissons, due à la dégradation de l’écosystème, à l’utilisation de mines, de filets et à la pêche intensive, a incité certains pêcheurs de Moroni et de Fumbuni à dépenser plus de 1 200 litres d’essence la semaine dernière pour atteindre « Lesaroussi », où ils estiment que les poissons abondent. Selon Hassani Moussa, ils ont mis 24 heures pour y parvenir et ont passé 2 jours à pêcher. Ils ont rencontré des difficultés liées à des conditions météorologiques perturbées, ce qui a compliqué leur tâche, et ils n’ont pas pu pêcher autant de poissons qu’ils l’espéraient.
En outre, selon Mohamed Mmadi, la glace utilisée pour conserver les poissons a commencé à fondre dès le deuxième jour, ce qui a entraîné la détérioration rapide des poissons. « L’une des raisons qui nous a poussés à rentrer plus tôt est la glace qui n’a pas résisté à la chaleur du soleil », a-t-il confié.
À leur retour, d’autres pêcheurs remettent en question cette sortie de pêche et estiment qu’elle a coûté beaucoup plus qu’elle n’a rapporté, sans compter le risque pour leur vie.
« Dépenser plus de 750 000 francs pour ramener une quantité qui ne couvrira que les frais de carburant, sans aucun bénéfice, est vraiment inacceptable », affirme un pêcheur qui préfère garder l’anonymat. Selon lui, même si la coopérative augmente le prix de vente de 2 000 francs le kilo à 2 250 ou 2 500 francs, elle ne parviendra toujours pas à compenser la perte.
Selon Mohamed M’madi, un responsable de la coopérative des pêcheurs de Fumbuni, pour le moment, ils se concentrent sur la pêche en premier lieu et feront les calculs après leur retour. « Ce jeudi 9, nous retournerons au même endroit de pêche, puis nous ferons les comptes de nos deux sorties à notre retour », a-t-il confirmé.
Par Saïd Toihir