Dans une note verbale datée du 9 avril et adressée aux autorités comoriennes, le gouvernement malgache informe de l’allègement des mesures sanitaires imposées aux navires en provenance des Comores. Malgré ce geste d’ouverture, Moroni ne semble pas prête à faciliter la liaison maritime avec Tananarive, tant que l’exécutif malgache continue de rejeter l’idée de pourparlers directs sur l’ensemble du dossier des transports, selon une source au ministère comorien des Transports.Transmise par l’ambassade des Comores à Tananarive, cette note précise que les passagers en provenance des Comores ne sont plus soumis à l’obligation de prise d’antibiotiques ni à une chimioprophylaxie. Ces exigences sanitaires, en vigueur depuis plusieurs mois, faisaient partie des principales mesures de contrôle imposées par Madagascar aux voyageurs comoriens.
En parallèle, de nouvelles mesures sont entrées en vigueur à partir du mercredi 9 avril. Désormais, les bagages débarquant des navires comoriens seront systématiquement désinfectés par pulvérisation de solutions chlorées. Les passagers, quant à eux, devront procéder à un lavage des mains avec du gel hydro alcoolique ou du savon antiseptique, mis à disposition dans les stations d’hygiène installées à l’entrée des ports.
Blocage des liaisons aériennes
Un passage obligatoire par un pédiluve chloré est également instauré.Enfin, les autorités malgaches annoncent un renforcement de la surveillance des symptômes gastro-intestinaux chez les voyageurs en provenance de zones considérées comme endémiques. Cet allègement des mesures n’a pas permis de rétablir la confiance entre les deux capitales. «Tananarive tente d’éluder la véritable question, qui est la reprise effective des liaisons aériennes et maritimes», déplore une source au sein du ministère des Transports de l’Union des Comores. Depuis l’interruption, en août 2022, des liaisons aériennes assurées par Madagascar Airlines entre Moroni et Tananarive, aucun vol direct ne relie les deux pays. Les voyageurs comoriens souhaitant se rendre à Madagascar doivent transiter par Nairobi ou Addis-Abeba, un itinéraire long et coûteux. « Nous avons sollicité les autorités malgaches pour organiser des réunions techniques afin d’aborder cette question dans sa globalité. À ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse», confie notre source, qui estime inutile de rouvrir uniquement la ligne maritime, alors que la liaison aérienne reste prioritaire pour les Comoriens.
La semaine dernière, des acteurs économiques malgaches et comoriens opérant sur la ligne Comores-Mahajanga ont manifesté dans la ville portuaire malgache pour réclamer la réouverture des frontières maritimes. Une opératrice économique comorienne a même interpellé le président de l’Union des Comores, l’appelant à agir pour débloquer la situation. « Personne ne gagne dans cette affaire. Nous sommes tous perdants, surtout nous, commerçants des deux pays. Plus la crise persiste, plus nos marchandises pourrissent dans les ports, alors que nous devons honorer nos engagements bancaires. Que pouvons-nous faire ?», s’est-elle indignée, appelant les deux parties à renouer le dialogue pour sortir de l’impasse.