"Libre” de ses mouvements depuis presque deux semaines, les déclarations du procureur général annonçant l’émission d’un ordre de récupération afin de réintégrer le prédicateur Djibril du nom d’état civil Chaéhoi M’madi, dans son lieu de détention n’a pas encore d’effet. Trois jours après ces déclarations, Chaéhoi M’madi n’a pas subi la moindre inquiétude et continue à jouir de son droit d’aller et venir.
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Interrogé sur ce qui peut être un laxisme de la part de la justice, le procureur général, Youssouf Ali Djaé met la responsabilité sur les carences du service pénitencier qui est inexistant. Il n’y aurait pas à l’en croire, des agents pour en assurer la surveillance. Selon le chef du parquet général de Moroni, Djibril n’a pas fini de purger sa peine, il doit être recherché pour intégrer la maison d’arrêt.
Le parquet de la République a été chargé de dépêcher les forces de l’ordre pour récupérer le détenu et le ramener en prison car nous avons appris qu’il se trouvait chez-lui à Sahara.
Cette question de la liberté de Chaéhoi M’madi semble mettre en difficulté le principe inviolable qui veut que le parquet soit un et indivisible. Interrogé sur cette mission qui consiste à ramener le détenu vers son lieu d’incarcération, le procureur de la République, Hamidou Ali Mohamed a soutenu que le procureur général a lui aussi le pouvoir d’envoyer les gendarmes à la recherche de Djibril.
Imbroglio
Du moment où la décision rendue par le tribunal de première instance a été frappée d’appel, le détenu se retrouve sous la responsabilité du parquet général, c’est alors au procureur général d’envoyer les gendarmes pour le rechercher, a expliqué le chef du parquet de la République.
Auprès de sa famille, une dame qui s’est présentée comme étant la sœur du prédicateur, sans décliner son identité a déclaré que son frère se trouvait actuellement au village et reste injoignable puisque ne disposant pas de téléphone car confisqués par la justice. Selon cette dame, c’est à la justice de fournir des explications sur la liberté accordée à son frère.
Il a été jugé et condamné par la justice, il ne peut donc pas être libre si cette justice qui l’a condamné ne lui a pas accordé cette liberté.
Au terme de ses déclarations la jeune femme a précisé que le prédicateur a reçu l’autorisation de se rendre à l’hôpital vu son état de santé. Quant à sa présence au madjilis qui a eu lieu dans son village, elle a tout simplement répondu “qu’il n’était pas amputé d’une jambe et que sa maladie lui permettait de marcher”.
Le cas de Djibril alimente le débat. Certains se demandent comment cela se fait-il que les autorités judiciaires aient mis autant de temps pour s’apercevoir que le prédicateur avait pris la poudre d’escampette. D’autres estiment que si Djibril n’avait pas eu un quitus pour “se barrer” de la clinique, il ne l’aurait pas fait, si ce n’était pas le cas, il se serait fait plus discret et n’aurait pas publié des photos de lui sur les réseaux sociaux.
D’autres enfin estiment que c’est suite à sa dernière vidéo publiée sur son profil facebook, dans laquelle il s’en prenait sérieusement aux autorités avec le ton qu’on lui connait que celles-ci “se sont souvenues” de “sa supposée évasion”. Parions que le prédicateur publiera une vidéo de mise au point s’il ne retourne pas en prison.