La direction générale de l’Onicor (Office national d’importation et de commercialisation du riz) a voulu se prononcer sur le décret N°23-060/PR, pris le 30 juin par le président Azali Assoumani, et qui a levé le monopole de l’importation et du commerce du riz ordinaire, dont jouissait cette société. Dans une conférence de presse organisée hier mardi, celle-ci a dit avoir voulu s’exprimer par rapport à cette décision « historique » qui permettra aux opérateurs économiques et au secteur privé de pouvoir intégrer, eux aussi, le marché du riz ordinaire dans le pays. « C’est une très bonne chose.
Nous estimons que la concurrence donne beaucoup plus de motivation, elle permet aussi aux institutions de s’améliorer et de se performer beaucoup plus dans leurs activités », a laissé entendre le chargé de communication de l’Onicor. Ben Abdallah Youssouf n’a pas manqué de rappeler que chaque société qui va se retrouver dans une transition, demande un temps, une période de préparation. Pour lui, « si aujourd’hui on libéralise et on ouvre le marché du riz ordinaire à la concurrence, l’Onicor souhaiterait qu’on lui accorde deux à trois ans maximum pour se préparer à faire face à la concurrence. Comores télécom, avant l’arrivée de Telma, a eu dix ans pour pouvoir se préparer ».
Bras de fer avec le ministère
Ces derniers temps, des relations tendues et conflictuelles, ont été constatées entre l’Onicor et le Service de contrôle des prix. Deux directions, rappelons-le, placées sous la tutelle du ministère de l’Économie. Le directeur commercial de l’Onicor parle d’une « ingérence déplorable » du ministère de l’Economie. « Le ministère de l’Economie a effectué une sortie médiatique à la télévision nationale lundi dernier et a annoncé le maintien du prix du kilo de riz ordinaire à 400 francs. Nous, à l’Onicor, on commande du riz au Pakistan, en Thaïlande, en Inde ou au Viêt-Nam et avec les frais liés au transport, les frais de manutention qui vont avec, on est obligés de vendre le kilo à 500 francs, 10.000 francs le sac de 25 kg à l’Onicor et 11 000 francs pour le détaillant. Si le ministère de l’Economie détient du riz qu’il peut vendre à 400 francs à la population, nous ne sommes pas au courant », a déclaré Omardine Mohamed.
De son côté, le chargé de communication de la société pense que le ministère ne joue pas son rôle comme il faut mais agit en surveillant, en police, au lieu d’agir en partenaire pour essayer de travailler avec l’Onicor. « Il nous met en difficulté dans l’application des prix harmonisés du riz ordinaire en envoyant la structure de contrôle des prix pour fermer des magasins, ce qui met en difficulté l’activité de l’Onicor. Il risque de provoquer une pénurie qui ne devrait pas avoir lieu. Nous regrettons ce genre de comportement de la part de nos autorités de tutelle qui devraient être nos partenaires privilégiés », a expliqué ben Abdallah Youssouf. « Nous sommes dans un monde commercial où la loi de l’offre et la demande prime. Nous ne pouvons pas acheter plus cher et vendre moins cher. L’Onicor ne peut pas continuer à vendre à perte, donc harmoniser le prix à 500 francs le kilo du riz ordinaire, c’est la solution qui permettrait à l’Onicor de s’en sortir mais aussi à la population de ne pas subir une situation de pénurie qui n’a pas lieu d’être », a-t-il ajouté.
Les responsables de l’Onicor pensent que le ministère de l’Economie peut jouer un rôle de diplomatie, c’est-à-dire entamer des négociations avec les pays exportateurs de riz, «négocier pour trouver du riz à bas prix. « Il pourrait aussi intervenir dans des négociations au niveau du transport, du fret, les frais de manutention pour essayer de nous apporter une situation qui atténuerait les coûts et les charges qui influent sur la fixation du prix au lieu de se contenter de la solution de facilité qui est d’aller fermer des magasins. Ce qui est vraiment regrettable », reste persuadé Ben Abdallah Youssouf, qui en a profité pour lancer un appel au chef de l’Etat pour jouer un rôle d’arbitre, de médiateur, entre l’Onicor et ses autorités de tutelle afin de trouver un terrain d’entente et arriver à une situation d’apaisement.