La compagnie réunionnaise, Air Austral, est sous les feux des critiques de la part des voyageurs de la ligne Réunion-Comores, plus particulièrement les Comoriens qui disent vivre « un calvaire » depuis plusieurs mois après la suspension de la ligne directe Saint-Denis-Moroni et la décision de la direction d’augmenter les tarifs des billets. Deux points qui résument, en gros, le mécontentement des voyageurs comoriens qui annoncent «une journée de colère» le 21 mai prochain «au départ du parvis de la mairie de Saint-Denis en direction de la Préfecture », selon nos confères «FreeDom » de l’Ile de La Réunion, dans un article paru hier lundi 12 mai sur son site. Le media parle «d’un sentiment d’injustice » en allusion à la situation que fait face la communauté comorienne installée à l’Ile Bourbon.
200 réclamations restées sans suite en 2024
Air Austral est notamment reproché d’un «manque d’écoute et d’indifférence» présumés face aux multiples revendications des voyageurs de la ligne. L’on apprend que «200 réclamations » n’auraient pas retenu l’attention de la hiérarchie. «Cette absence de retour nous interpelle, d’autant plus que plus de 200 réclamations ont été envoyées en recommandées suite aux incidents durant la période estivale de 2024 et elles sont également restées sans suite», écrit le Collectif des Comoriens dans une lettre adressée à la Direction générale de la compagnie. Une pétition en ligne a été même lancée pour fédérer d’autres personnes autour de cette même cause et appeler les autorités politiques, à l’île de La Réunion comme aux Comores, à agir.
Les voyageurs se plaignent «des désagréments» qu’ils subissent surtout pendant l’escale à Mayotte. C’est la filiale Ewa Air qui assure le relais jusqu’à Moroni après la suspension de la ligne directe. «Si l’accueil et l’écoute de nos compatriotes mahorais sont plus chaleureux, ce détour et ce transbordement traduisent un manque criant de considération pour les passagers comoriens. Nous avons trop souvent le sentiment d’être traités comme du bétail, avec des informations livrées au compte-gouttes et des changements de dernière minute qui n’ont rien de professionnel», s’insurgent encore les voyageurs.
Les protestataires notent «un manque de respect» après avoir demandé, à plusieurs reprises, un rendez-vous, sans succès, avec la compagnie pour faire part de leurs revendications. « Air Austral ne peut pas continuer à ignorer ses passagers. Si la compagnie se revendique comme une compagnie « familiale » de l’océan Indien, il est temps qu’elle traite les membres de cette famille avec dignité et respect », lit-on encore dans un autre courrier de relance pour obtenir un nouveau rendez-vous. «Les Comoriens, les Réunionnais et l’ensemble des usagers méritent mieux que l’indifférence et le mépris», ajoute le courrier de deux pages communiquées à Al-watwan.
Le Collectif, outre «le manque de considération» et un accueil «non conforme» aux standards, apprend avec stupeur «une hausse» des tarifs des billets de la ligne. «Au regard du prix du billet, atteignant jusqu’à 1 400 euros pour un trajet court courrier puisque censé être moins de trois heures en direct, il nous semble légitime d’attendre un minimum de considération et d’écoute de la part de la compagnie», indiquent les membres du Collectif. «La récente flambée des tarifs n’est pas seulement injustifiable, elle est une insulte aux usagers que vous prétendez desservir», écrit encore le Collectif.
Faire venir de nouvelles compagnies
Al-watwan s’est rendu au siège d’Air Austral à Moroni pour recueillir l’avis de la compagnie, mais la représentation locale n’a pas souhaité réagir et nous a conseillé de prendre contact avec la maison mère à l’Ile de La Réunion. Sans succès. Selon nos informations, Air Austral, en difficultés pour assurer la ligne Réunion-Comores avec «deux Airbus A220, moins performants que les appareils exploités par d’autres compagnies comme Kenya Airways, Ethiopian Airlines ou Emirates» ne souhaitent pas reprendre la ligne à cause notamment « de facteurs liés à l'infrastructure aéroportuaire» et «d’autres paramètres financiers».
Le journal réunionnais «FreeDom» évoque «des démarches qui sont en cours auprès de la Région (Réunion, ndlr), du Préfet et des autorités comoriennes. Des demandes ont aussi été adressées à Corsair et Air Mauritius, et un rapprochement avec les collectifs malgaches est envisagé». Une initiative saluée par les usagers qui souhaitent «mettre fin à la situation de quasi-monopole» de la ligne Réunion-Comores par Air Austral. «D’autres compagnies comme Kenya Airways, Air Mauritius peuvent faire le relais, pourquoi pas», explique Ali Mohamed Roukia qui appelle les autorités comoriennes à «travailler pour venir au secours à la communauté comorienne vivant à l’île de La Réunion ».
Malgré «une brève rencontre » entre le Collectif et la nouvelle direction d’Air Austral qui a présenté «ses excuses» pour «les désagréments subis par les passagers» et au cours de laquelle la compagnie s’est engagée «à éviter, autant que possible, les escales nocturnes non prises en charge», la colère du Collectif ne faiblit pas. Ses membres demandent toujours le rétablissement de «la liaison directe, la continuité des vols, une tarification raisonnable, la prise en charge des passagers et le traitement des réclamations restées sans réponse». Reste à savoir si la manifestation du 21 mai prochain à Saint-Denis saura changer la donne actuelle.