L’érosion continue de gagner du terrain à Mitsamihuli, aggravée par les vagues qui déferlent sur les côtes. La route nationale, une école primaire publique, des habitations, un cimetière et le grand marché de la région sont aujourd’hui menacés de disparition. Ce phénomène aux risques multiples est atténué, dans certaines zones, par une muraille d’arbres, notamment des filaos, plantés à «Planète Plage» et dans le quartier «Djao» pour tenter de ralentir l’avancée de la mer. La gravité de cette situation a conduit à de nombreuses visites de la part d’autorités nationales et internationales, soucieuses de constater les dégâts causés par l’érosion. Ces visites s’expliquent, en partie, par le fait que cette portion de littoral fait partie des cinq parcs nationaux créés par décret présidentiel en mai 2022.
Ali Mlamali, un pêcheur local connu sous le nom de Loza, se montre particulièrement préoccupé par le sort de cet écosystème. Selon lui, l’érosion actuelle est liée aux effets de la période appelée «Ndo Mbeni». Il attribue l’érosion côtière aux vagues quotidiennes, notamment lors des grandes marées et des tempêtes, qui creusent les plages. «Le recul de la côte, notamment entre le grand marché et Terminus, est alarmant. Les infrastructures routières sont gravement menacées. Il est impératif d’agir pour lutter contre cette érosion», lance-t-il.
Les autorités locales, tout comme les habitants, observent l’ampleur des dégâts. Bien que de nombreuses visites aient été effectuées dans les zones touchées, il reste nécessaire de mener des études approfondies pour prévenir la disparition de la route principale, située près du cimetière. Malheureusement, l’urbanisation a été réalisée sans tenir compte de l’impact potentiel de l’érosion, comme c’est le cas près du stade international Saïd Mohamed Cheikh. Aujourd’hui, la capitale du nord de Ngazidja est confrontée aux effets cumulatifs de l’érosion et du changement climatique.
Le maire de Mitsamihuli ya Mbwani, Aboubacar Ahmed, a tenu à rassurer que l’extraction de sable ne se pratique plus dans les zones les plus touchées. Il admet cependant qu’une erreur a été commise lors de la plantation des filaos le long du littoral. «Certains détruisaient les arbres pour des raisons superstitieuses, prétendant que le filao provoquait des conflits. C’est pourquoi cette barrière végétale n’a pas pu protéger certaines zones», se souvient-il.
Des visites « sans effet… »
Pour faire face à la situation, le maire évoque plusieurs solutions, dont la construction d’une digue et un enrochement. Toutefois, la digue ne fait pas l’unanimité, car elle pourrait aggraver les risques en cas de fortes pluies, en bloquant l’écoulement des eaux vers la mer. «Nous avons donc opté pour l’enrochement. Lors de la remise officielle de notre route principale, j’ai soulevé ce problème face au bailleur, le Fonds saoudien, et une visite a été organisée en face du cimetière», explique-t-il.Il est à rappeler que cette mission du Fonds saoudien s’est rendue sur place en juin dernier, accompagnée du directeur général des routes et du maire de Mitsamihuli.
En janvier 2023, des membres du gouvernement ont également visité le littoral dans l’urgence de trouver une solution face à la montée des eaux. Ils ont proposé la construction d’une digue, de Terminus au grand marché, pour un coût de 270 mllions de francs comoriens. Mais ce projet n’a toujours pas vu le jour, alors que l’érosion continue de prendre de l’ampleur.