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Littérature / Sortie de « Fusion des ombres » Chabani Bourhane I « J’espère que ceux qui liront le recueil comprendront qu’il y a des souffrances à remédier »

Littérature / Sortie de « Fusion des ombres » Chabani Bourhane I « J’espère que ceux qui liront le recueil comprendront qu’il y a des souffrances à remédier »

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“Fusion des ombres” est un recueil d’émotions multiples révélant les réalités de deux sociétés distinctes. Le syndicaliste et romancier comorien Chabani Bourhane s’est associé à l’autrice, interprète de chansons et comédienne Alexandra Manginot pour créer cette œuvre avant-gardiste. Al-watwan s’est entretenu avec l’auteur de l’ouvrage, sorti récemment aux éditions Muse.

 

Parlez-nous de votre rencontre avec Alexandra Manginot. Est-ce une rencontre au hasard ? Quelle impression avez-vous eu en travaillant avec elle ?
C’est une personne que je ne connaissais pas au départ. On s’est croisé au cinéma Le Bradi au 18e arrondissement [de Paris] via une invitation d’une amie en commun qui présentait son 1er film. Ce fut une rencontre pleine de sympathie, et j’ai vite compris qu’elle avait quelque chose au fond d’elle méconnue du grand public.

Donc ça s’est fait naturellement comme ça, et c’est à ce moment-là que j’ai découvert qu’elle était chanteuse et danseuse à Paris. Par la suite, la discussion que nous avons eue ensemble nous a permis de réaliser qu’on avait des textes similaires et qui vont dans le même sens, un langage. Pour le coup, on s’est demandé si on pouvait travailler ensemble, et au final, cette œuvre est née.

Comment vous définissez-vous en tant que poète ?


En fait, je ne me définis pas comme un poète. Moi, j’écris des textes à la criée. En général, ce sont des textes qui parlent du quotidien du vécu, par exemple, ce qui concerne l’hôpital El- Maarouf, au niveau hospitalier n’en parlons pas des réalités comme les malades qui souffrent, les médecins qui prescrivent des médicaments qui ne sont pas adaptés à la maladie… C’est en gros dire ce que les gens n’osent pas dire et qu’ils ne voient pas, qui constitue une souffrance pour la population.

Enfin, j’espère que ceux qui liront le recueil comprendront qu’il y a des souffrances à remédier, comme la violence dans le milieu hospitalier. Je peux citer aussi les abus sexuels, à l’instar du texte ‘Marouda’, qui a été violée, mais aussi l’acte de bannissement de celui qui a osé dénoncer. Ce sont des réalités qui font qu’on ne peut pas laisser la population dans une telle situation. En fin de compte, c’est ça ma position.

Quel rôle ont joué vos origines dans cette œuvre ?


C’était très important dans la mesure où l’éditeur a bien aimé ce mélange de texte. On sent les textes imprégnés dans la tradition comorienne, notamment de mon village, ensuite les textes d’Alexandra qui parlent du monde occidental, de la France, mais qui se rejoignent à l’exemple des textes qui ont les mêmes titres. On parle de l’isolement différemment car elle aussi a subi des violences, d’ailleurs elle en a parlé. Moi parlant de mon village, de mon vécu, c’est ce qui fait la richesse du recueil.

Que démontrez-vous par rapport à l’évocation de Kwambani ?


Bah c’est la cité de Trambwe, le prince poète d’un village historique. Aujourd’hui, cette localité sombre dans les abîmes du reniement, de la haine et de la bassesse morale. Donc il y a lieu de réhabiliter l’image de Kwambani. En gros, Trambwe c’est notre Homère, tous ces textes ont été porteurs de voix, des mots qui prônaient la paix. Il était le seul à parler des choses allant dans le sens du rythme et du sens. C’est pour lui donner sa valeur universelle et permettre à la localité de retrouver ses valeurs de paix, de l’intellectualisme et de tolérance.

Vous décrivez-vous comme un auteur engagé ?


Je ne suis pas un auteur engagé, je suis quelqu’un qui s’interroge sur la réalité de ce que nous sommes. J’ai l’impression que les gens refusent que chacun soit à sa place. Donc je suis une révolte, un contestataire. Je ne suis pas un Zola, plutôt je me rapprocherai de Hugo, je dénonce le sort réservé à Jenavaljean. Je suis ce jeune Gavroche dans les misérables de Hugo.

Croyez-vous que la poésie peut définir le monde actuel ?


La poésie c’est l’émotion, le bonheur, la thérapie. Les Fables de La Fontaine par exemple continuent de nous faire vibrer dans nos esprits cultivés. La poésie de Trambwe est toujours présente en nous et éternellement. Le monde ne peut pas exister sans émotion, sans vibration. La poésie, c’est tout le monde

                           propos recueillis par Nakib Issa

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