Après Fragment d’expérience et les assises nationales initiées par Ali Bazi Selim, une expérience qui vaut le détour, Idriss Mohamed Chanfi, a présenté, vendredi 25 juillet, au jardin de la paix, son nouvel ouvrage, qui aborde une question qu’il connait sur les bouts des doigts. «Maore, sortir de l’impasse», reste aux yeux de l’auteur une contribution, comme tant d’autres dont le but est de proposer des solutions pour permettre à Mayotte de revenir dans son giron naturel.
Devant un parterre de personnalités, dont des amis ou encore des membres du Comité maore, Idriss Mohamed Chanfi, a brièvement dévoilé le contenu de cet ouvrage, qu’il aime qualifier de «petit», en raison du volume. Il faut dire que dans ce pays, Idriss fait partie des rares personnes qui ont consacré leurs vies à la cause de Mayotte, île comorienne occupée illégalement par l’ancienne puissance colonisatrice selon le droit international, depuis près de 50 ans.
Pressions internationales
Loin de vouloir se comparer à un académicien, Idriss a tenu à préciser que ce livre n’est qu’un apport du militant qu’il est. «Excepté feu Aboubacar Said Salim, à travers ses romans, peu de gens racontent la lutte révolutionnaire », a, d’emblée déploré, l’auteur, écharpe à l’effigie du drapeau de la Palestine autour du cou. «Maore, sortir de l’impasse», est composé d’au moins dix chapitres. «Le premier vise à déconstruire les discours des négationniste mahorais », a expliqué, Idriss Mohamed Chanfi. «Maore n’a jamais été comorienne, les quatre îles ne se sont jamais entendues, ou encore Maore s’est donnée à la France».
Ce sont les déclarations que l’ex-président du Comité Maoré tente de démystifier dans son ouvrage. La colonisation par la France, l’émergence des partis séparatistes à Mayotte, la marche vers l’indépendance, sont, entre autres thèmes abordés par le leader du mouvement Ukombozi. L’auteur n’a pas non plus manqué de soulever les obstacles à surmonter à tout prix. Et il n’épargne pas les dirigeants comoriens. «On constate une sorte de syndrome colonial. Tous les présidents postindépendance depuis Ahmed Abdallah, ont peur de Paris car dès qu’ils s’opposent à la France on les élimine. La soif de pouvoir n’arrange en rien non plus. Chacun pense qu’accéder au pouvoir n’est pas possible sans l’aide de la France. Même dans les organismes, l’égo de devenir le chef nous empêche de nous unir autour de la question de Mayotte», tranche avec amertume, Idriss Mohamed, devant l’assistance venue à sa présentation.
Pour lui, la voie doit commencer par la recherche de partenaires, de soutiens sur la scène mondiale, car seules les pressions internationales, les condamnations de l’Onu peuvent, selon lui, faire bouger les lignes. «Ceux qui croient qu’un dialogue bilatéral avec la France est la solution se mettent complètement le doigt dans l’œil », a, prévenu, le militant. L’auteur de fragments d’expérience appelle à «un front uni» pour mener ce combat. «Car même en France, des voix s’élèvent pour rappeler aux mahorais que le statut de département dont ils se vantent n’en est rien. Des organisations de la société civile, des partis politiques le déclarent même s’ils sont marginalisés, donc sans pouvoir d’influence sur la politique française », souligne l’ancien fondateur du Front démocratique. Après la présentation du livre, s’en est suivie une séance de vente et dédicaces. Les participants qui ont apporté quelques commentaires ont cependant estimé qu’un nouveau rendez-vous serait pertinent afin de mieux décortiquer l’ouvrage.