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Lutte contre la Covid-19 I Un relâchement inquiétant des mesures barrières

Lutte contre la Covid-19 I Un relâchement inquiétant des mesures barrières

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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Deux mois jour pour jour après la déclaration du premier cas de Covid-19 par le chef de l’Etat, le 30 avril dernier, le respect des mesures barrières n’est plus de mise, bien au contraire. Alors que les cas augmentent dangereusement, l’emblématique marché de Volo-volo grouillait de monde. Et la distanciation physique d’un mètre n’est pas respectée. Rares sont ceux qui portaient un masque.

 

Volo-volo, plus grand marché de la capitale de l’Union des Comores et l’un de ces lieux les plus emblématiques avec sa foule compacte et chamarrée, ses fruits et légumes aux milles-et-une couleurs, ses parasols bariolés. Foule compacte et respectant nullement les mesures de distanciation physique très largement recommandées pour lutter contre la propagation de l’épidémie de Covid-19. S’il y avait un lieu pour constater de visu le relâchement des mesures barrières, c’est bien à Volo Volo. Une attitude risquée alors que les cas augmentent dangereusement : 293 patients positifs, selon le dernier bulletin du ministère de la Santé.


Ce 30 juin, deux mois jour pour jour après la déclaration du premier cas de Covid-19 par le chef de l’Etat, dans la principale rue d’affaires de Moroni, l’on croirait volontiers que l’épidémie a été vaincue ou qu’elle n’a jamais existé. Des hommes et des femmes, jeunes comme vieux, longent l’avenue allant d’El-Maarouf au rond-point Salimamoud sans le plus petit cache-nez. Seule l’enseigne Sarah Market, située à quelques pas de Volo-volo exige le port du masque à ses clients.


A Volo-volo justement, aucune de ses entrées n’était pourvue de seau d’eau pour se laver les mains. A l’intérieur du marché, très peu de gens portaient un masque, ou alors était-il porté sous le menton. Ses usagers ne respectaient pas la distanciation physique d’un mètre, préconisée par les scientifiques pour faire barrage à la propagation de la maladie, encore eut-il fallu qu’elle soit exigée par les autorités. Comme la distanciation physique, le port du masque est banalisé. A l’instar de ce jeune homme qui assure «que le cache-nez le fatiguait». Ou encore ce vendeur de coupons de tissus qui affirme «avoir oublié de le porter».
Du côté des bouchers, à côté de la viande sanguinolente et des tripes, se dressaient des hommes toujours dépourvus de masques. L’un d’entre eux a tout simplement indiqué «avoir oublié de le mettre aujourd’hui».

 


Quant à Said Houmadi, dit Sablé, jeune homme à l’allure énergique, vendeur de sachets de son état, il a tout simplement déclaré «que le Coronavirus n’existait pas chez nous». Cette assertion quelque peu intempestive reflétait l’état d’esprit des usagers du grand marché. «Bien avant la déclaration du premier cas positif, il y a eu distribution de seaux, d’eau de javel et de masques. Sauf que pour les gens d’ici, la Covid-19 est perçue comme une invention destinée à faire engranger beaucoup d’argent dont ils ne verront pas la couleur», a expliqué un employé communal, retrouvé dans le petit bureau appartenant à la mairie de Moroni. «D’ailleurs, a-t-il poursuivi, tous les jours à 15h00 quand les forces de l’ordre viennent avertir de la fermeture prochaine du marché, il leur est rétorqué, allez-vous-en, il n’y a pas de corona ici».
Du côté des étals de fruits et légumes, même foule amassée et même absence de masques. Une des plus anciennes vendeuses de la place, venant de Fumbuni, au sud de Ngazidja, a fait état «du risque plus grand de mourir de la puanteur émanant des lieux plutôt que d’une maladie qui n’existe pas».


Le déni est partout. Les agents des forces de l’ordre étaient bien présents mais se contentaient de tenter de réguler une circulation monstrueuse, le masque sous le menton. Il ne leur est pas demandé de faire autre chose. Cependant, ils seront sûrement sollicités si d’aventure le port du masque était exigé dans l’espace public. «Le port du masque protège de la maladie, il n’y a que cela qui peut nous protéger et nous espérons que le cache-nez sera obligatoire», a longuement expliqué le docteur Djabir Ibrahim, membre du Comité de prise en charge, interrogé dans son bureau des Urgences d’El-Maarouf le 23 juin dernier.

Par ailleurs, le chef de l’Etat, Azali Assoumani,annoncera une série de mesures toujours en lien avec la lutte contre la Covid-19 le 06 juillet prochain, jour marquant l’accession du pays à l’indépendance, selon le porte-parole du gouvernement, Houmed M’saidie. «Certaines mesures seront allégées et d’autres renforcées», selon ce dernier. Il a refusé d’en dire plus.

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