Torche à la main, gilet sur le dos, sifflet accroché aux lèvres. À 20h, les ruelles se vident. Les jeunes rentrent chez eux. Et ce n’est pas un hasard, c’est la règle imposée par le comité de lutte contre la délinquance du quartier Monimoimdji, à Fomboni. Ici, ce sont les habitants eux-mêmes qui ont dit stop. Marre des débordements, marre des actes de délinquance juvénile qui empoisonnent le quotidien. Alors ils se sont levés, organisés, unis. À la tête de ce mouvement, des figures bien connues du quartier et de l’île, Hadidja Hassanaly, sa sœur Archaty, Sitti Latufa Mkandra, Roihamatou… des mamans, des meneuses. À leurs côtés, des jeunes hommes comme Izak et Abdoulandhum, tout aussi déterminés. Leur mission ? «Ramener le calme et préserver la jeunesse».
Une amende de 25 000 à 100 000 francs
Mais ce n’est pas juste des rondes dans les rues. Ils ont été clairs : place à l’organisation. Une charte a même été rédigée, noir sur blanc, puis dévoilée dans l’après-midi du mercredi 14 avril lors d’une cérémonie officielle qui a réuni la gendarmerie, la police, la justice, le service d’écoute et même les mamans des concernés. Tout le monde était présent. Car le comité ne compte pas agir seul, il veut travailler main dans la main avec les autorités.
La charte ? Elle encadre tout, «couvre-feu, tenue vestimentaire, contrôle des coupes de cheveux, circulation dans le quartier, consommation de drogues, distribution d’alcool… Chaque détail compte. Et attention à ceux qui franchissent la ligne rouge : toute personne qui ne respectera pas les règles devra payer une amende de 25 000 à 100 000 francs, ou bien subir une garde à vue pour les cas graves.
Mais ce combat ne se limite pas à la répression. La présidente du comité, Sitti Latufa, insiste : «Il faut aussi tendre la main, encadrer, accompagner.» Alors, des actions éducatives et sociales sont prévues. Des cours d’encadrement pendant les vacances, un suivi renforcé pour les élèves en classe d’examen, la réouverture de madras pour renouer avec les valeurs religieuses et morales, et la sécurisation des lieux dits « sensibles », là où les jeunes traînent pour des activités louches. Cette campagne est lancée dans différentes régions de l’île, toujours dans le même objectif.