Face à la recrudescence de la délinquance et aux inquiétudes grandissantes liées aux dérives de certains comités de surveillance villageois, le maire de la commune de Msutruni (Fomboni), Takidine Mahamoud, a réuni mardi 17 juin les responsables de ces structures locales pour poser un nouveau cadre d’action. L’objectif : recentrer leur mission sur l’encadrement éducatif des jeunes et prévenir les atteintes aux droits fondamentaux.
Composés majoritairement de jeunes volontaires, ces comités ont été créés pour lutter contre la consommation de stupéfiants, favoriser la réintégration scolaire et veiller au maintien de l’ordre dans les villages. Mais leur action suscite de vives critiques après plusieurs incidents dénoncés par la population. Le maire a rappelé que ces groupes doivent concentrer leurs efforts sur les enfants et adolescents âgés de 5 à 17 ans, en veillant à leur fréquentation régulière des écoles formelles et coraniques. « Au-delà de 17 ans, il ne s’agit pas d’imposer des restrictions excessives, même si vous voyez quelqu’un en état d’ivresse sous un arbre», a-t-il averti.
Cette prise de position intervient dans un contexte tendu. Deux affaires ont particulièrement choqué l’opinion depuis la naissance de ces comités : à Mouzdalifa, un jeune accusé de violences conjugales a été publiquement humilié, contraint de défiler dans les rues vêtues de feuilles de bananier, le visage enduit de poudre noire. À Mbatsé, vendredi dernier, un taximan prénommé Django a été violemment agressé par des membres du comité local, qui l’accusaient d’adultère. Malgré ses protestations, il a été roué de coups.
Le lendemain, il a confié à sa mère son intention de disparaître avant de quitter les lieux. Sa voiture a été retrouvée garée près de l’hôpital de Fomboni, avec son téléphone à l’intérieur. Depuis, il reste introuvable, malgré les recherches en cours.
Devant ces dérives, Takidine Mahamoud prévoit de réunir prochainement les autres maires de l’île pour élaborer un guide de référence. Celui-ci devra définir clairement les missions, les limites et les responsabilités des comités de surveillance, afin de garantir leur efficacité sans porter atteinte aux libertés individuelles.
