Lancée le 7 avril dernier pour une durée de quatre mois, une mission scientifique, océanographique et citoyenne dénommée « expédition Exploi (Plastic Odyssey) » est arrivée ce mercredi 25 juin à Fomboni. Il s’agit d’une campagne régionale de grande envergure menée par le navire ambassadeur de la lutte contre la pollution plastique, Plastic Odyssey, avec à son bord plus de vingt scientifiques. Le navire parcourt les États membres de la Commission de l’océan indien (Coi) afin de mener une exploration scientifique sur l’impact de la pollution plastique marine en Indianocéanie, de sensibiliser les populations, de promouvoir l’éducation à l’environnement et de mettre en valeur des solutions concrètes de prévention et de valorisation des déchets plastiques, dans une logique d’économie circulaire régionale.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet intitulé « Expédition plastique océan indien (Exploi) », soutenu par l’Agence française de développement (Afd) et le Fonds français pour l’environnement mondial (Ffem), et coordonné par l’Institut de recherche pour le développement (Ird), en collaboration avec des universités et laboratoires des cinq États membres de la Coi, dont les Comores.
Une véritable urgence environnementale
Selon Anfani Msoili, chargé de mission pour la transition écologique et énergétique, le tourisme et les migrations à la Coi, l’escale de trois jours prévue à Mwali constitue un moment clé pour sensibiliser la population, transmettre des savoir-faire et encourager des solutions locales, dans une île où les déchets plastiques jonchent les plages et provoquent une véritable urgence environnementale. « Les scientifiques vont cartographier la pollution plastique côtière et en haute mer pour en connaître l’abondance et la provenance, identifier les principaux facteurs de pollution plastique, et analyser les pathogènes véhiculés par les plastiques ainsi que les risques pour la santé humaine et la biodiversité», a-t-il précisé.
Selon Mouchdadi Madi Bamdou, cadre du Parc national de Mohéli (Pnm), les plastiques sont fabriqués à partir de polymères issus d’hydrocarbures, associés à des plastifiants (colorants et antioxydants) souvent hautement cancérigènes. Leur présence dans la nature ne cesse d’augmenter malgré les efforts de certaines Ong. « 79 % des macroplastiques, soit environ 4,6 milliards de tonnes, sont mis en décharge ou jetés dans la nature. Seuls 12 % finissent dans l’air, et à peine 9 % sont recyclés à l’échelle mondiale. À Mwali, cette pollution a de graves conséquences : elle affecte notre économie et détruit la biodiversité. Les secteurs de la pêche et du tourisme sont les plus touchés », explique-t-il.
L’équipe du Plastic Odyssey a été accueillie par les autorités locales, la Fadesim (Fédération des acteurs de développement économique et social de Mwali), ainsi que par le bureau insulaire de la Cciam (Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat de Mwali). L’expédition a débuté à La Réunion, puis a fait escale à Maurice, à Madagascar (notamment sur l’île Sainte-Marie et à Tamatave), aux Seychelles, avant de rejoindre les Comores.
Les missions scientifiques s’articulent autour de plusieurs axes : l’observation, le comptage et l’identification de l’origine des macro et microplastiques, la dispersion de capteurs pour modéliser les courants et le trajet des plastiques dans l’océan indien, des recherches en microbiologie, ainsi que l’étude des risques de contact ou d’ingestion des plastiques par la mégafaune marine.