Du vendredi au samedi 13 mai s’est tenu au Centre national de documentations et de recherches scientifiques (Cndrs) un atelier technique de formation sur la protection de la biodiversité, notamment la lutte contre les espèces exotiques envahissantes.
Au cours de ces deux jours d’échanges, les différents acteurs du secteur ont élaboré un plan de travail pour le recensement des différentes espèces exotiques du pays.
Une espèce exotique se définit comme «toute sorte d’espèce végétale ou animale dont l’existence dans un territoire est postérieure au peuplement du milieu géographique».
Autrement dit, il s’agit d’une espèce originaire d’une autre région qui menace la biodiversité. C’est donc à cause des conséquences environnementales engendrées par ces espèces que l’Océan indien a décidé de mettre en place ce projet de recensement en vue de préserver la biodiversité régionale.
Aux Comores, ce projet-pilote, communément appelé Inva’ziles des Comores, vise à collecter les données écologiques et ethnoécologiques afin de mettre en place des mécanismes nationaux pour la gestion des espèces envahissantes.
Sensibilisation tous azimut
Ce travail nécessite deux mécanismes importants : la collecte des données sur le terrain et la hiérarchisation des espèces exotiques végétales ou animales envahissantes ou potentiellement envahissantes. Pour faciliter la tâche, qui demande une connaissance pointue des milieux écologiques, le Cndrs a fait appel à tous les acteurs nationaux et internationaux.
«Actuellement, nous n’avons pas encore démarré alors que le projet a seulement une durée de dix huit mois. Les autres pays de la région ont une longueur d’avance sur nous.
C’est pour cela que nous avons sollicité ce travail d’équipe avec l’université des Comores, l’Inrape ainsi que d’autres organisation non gouvernementale comme Ulanga Ngazidja ou encore le centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)», a expliqué le chercheur au Cndrs, Yahaya Ibrahim.
Parmi les résultats attendus, il y a l’élaboration d’une liste nationale des espèces exotiques, l’analyse de risques au moins des espèces végétales, la mise en place d’un comité sur les espèces exotiques envahissantes ou encore l’élaboration et l’approbation d’une stratégie nationale.
Si l’appui des autorités nationales sera sollicité pour une meilleure législation afin de vulgariser et recadrer ces travaux, la sensibilisation des populations n’en reste pas moins une priorité.
Il faut noter que la notion d’espèce envahissante dépend d’un pays à un autre. Aux Comores, elle reste un sujet méconnu. «Certes, la plupart du temps, les agriculteurs nationaux constatent le développement de certaines espèces végétales qui perturbent leurs plantations, mais ils n’y prêtent pas attention, croyant que cela était naturel», explique un chercheur.
Il s’avère aussi que certaines espèces jugées envahissantes comme les goyaviers rouges drainent des revenus financiers importants pour un bon nombre de ménages. Faudrait-il les déboiser ? Non, estime le chercheur à l’Inrape, Abdillah Maoulida qui a tenu à préciser que de telles décisions n’étaient pas envisageables.
Selon lui, l’ensemble de ces espèces auront des espaces spécifiques où elles pourront se développer comme dans les autres pays, surtout si elles génèrent de l’argent.