Dans la région de Washili, les autorités locales ont décidé de mobiliser les polices municipales afin de lutter contre l’insécurité et la délinquance. Bien que cette initiative ait permis de réduire certains comportements déviants parmi les jeunes, elle ne va pas sans difficultés. En effet, certains agents sont confrontés quotidiennement aux injures de parents opposés aux sanctions infligées à leurs enfants.Les polices municipales jouent un rôle essentiel de proximité. Leur mission consiste à entretenir un lien étroit avec la population, à gérer les problèmes quotidiens liés à la petite et moyenne délinquance, tout en garantissant la sécurité des personnes et des biens. Plusieurs localités de Washili l’ont bien compris et se mobilisent activement pour instaurer un climat de paix et de sécurité. À titre d’exemple, Itsinkudi, Hambou, Irohé, Mtsamdou ou encore Dzahani disposent depuis quelques mois d’une police municipale chargée de veiller à la sécurité et à la prévention de la délinquance. Ces localités ont également fait appel à leur diaspora pour se doter d’équipements adéquats. Les responsables et chefs de village ont noué des partenariats avec la gendarmerie pour renforcer cette action.
À Hambou Oichili, les agents de la police municipale s’investissent pleinement dans leur mission, alliant bienveillance et fermeté pour encourager les bons comportements. «Ce n’est pas une tâche facile, mais nous insistons car nous commençons déjà à récolter les fruits de nos efforts », explique Fahar Youssouf, responsable de la commission. « Durant le mois de ramadan, les agents sillonnaient les quartiers pour rassembler les enfants et les amener à la mosquée afin qu’ils assistent aux prêches chaque après-midi. Le soir, ils se rendaient à l’école coranique. On observe une baisse notable de la délinquance, ce qui est très encourageant. Chaque week-end, les agents procèdent aussi au nettoyage et au ramassage des ordures dans le village », se réjouit-il.
De son côté, Imamou Azali Hamidou, un des responsables du village, se félicite de cette initiative, qui selon lui a permis de faire reculer de nombreux comportements déviants. Il appelle les localités voisines à suivre cet exemple. «Nous sommes prêts à accompagner notre police municipale. C’est pourquoi nous avons pris contact avec la gendarmerie de la région pour bénéficier de son soutien », déclare celui qui est chargé de mission à la présidence de l’Union des Comores.
Said Abdillah, major à la gendarmerie et responsable de la police municipale de Mtsamdu ya Washili, partage également sa satisfaction quant aux efforts de ses agents. «Chaque dimanche, nous veillons à la propreté du village, à l’entretien des cimetières, à la sécurisation des festivités et à l’encadrement des jeunes », affirme-t-il. Il précise qu’un système de cotisation a été mis en place : chaque foyer verse 1 000 francs le 1er du mois pour soutenir la police. Toutefois, des tensions persistent. «Certains parents s’opposent aux sanctions infligées à leurs enfants. Ils veulent un changement radical sans qu’il y ait de correction ou de punition, ce qui est irréaliste», affirme-t-il. À Dzahani la Washili, la police municipale est organisée en quatre sections : intervention, enquête, judiciaire et administrative. Ali Imamou, responsable local, explique : «La section intervention mène les descentes et recueille les faits ; la section enquête établit les constats ; la section judiciaire statue sur les sanctions, et la section administrative s’occupe des procédures et de la collecte des fonds.»
Une organisation structurée
Il annonce également l’instauration « d’un couvre-feu à partir de 22h30 ».
Salim Abdou Salam, adjoint au maire et responsable de la police municipale d’Itsinkudi, explique de son côté que la lutte contre la délinquance nocturne est une priorité. «Depuis trois ans, les cambriolages dans les maisons inoccupées ont diminué. Les vols de bétail persistent, mais ont nettement reculé. La police inflige des amendes pour les animaux laissés en divagation. La circulation des adolescents de 14 à 15 ans est également surveillée de près », précise-t-il. Il félicite la population d’Itsinkudi pour son soutien indéfectible. «Le village nous a offert un véhicule actuellement en panne et une moto pour nos patrouilles. Toute personne célébrant un grand mariage (Madjilis) doit verser une contribution de 100 000 francs à la police municipale. Nous avons aussi contribué à apaiser les tensions entre Itsinkudi et Mtsamdu, et les deux polices travaillent aujourd’hui en étroite collaboration. Nos agents ont même bénéficié d’une formation spécifique », se félicite-t-il.