Comme de nombreux citoyens comoriens vivant à Mayotte, Hamidou Mohamed raconte avoir été expulsé «illégalement» dans l’île comorienne en 2019, bien qu’il possédât encore « un récépissé valide ». Il a ainsi dû laisser derrière lui ses deux enfants, orphelins de mère depuis 2018. Récemment, l’ambassade de France en Union des Comores lui a refusé un visa pour des motifs qu’il juge « irréguliers», car il estime avoir fourni tous les documents nécessaires pour rejoindre ses enfants, dont l’un n’a que sept ans.
Le traumatisme des enfants sans garde
«J’ai demandé un visa de long séjour le 4 janvier dernier, et à ma grande surprise, on me l’a refusé. Ils ont justifié leur décision en affirmant que je n’avais pas apporté la preuve que je disposais de ressources suffisantes pour subvenir à mes besoins sur place.
Quelle ironie, alors que j’ai une carte bancaire bien approvisionnée, que je continue de payer les frais de scolarité de mes enfants, et que j’ai présenté tous les reçus de paiement ! Ils ont aussi mentionné que je ne m’étais pas engagé à ne pas travailler une fois sur place et que je ne disposais pas d’une assurance maladie», explique Hamidou Mohamed. Il ajoute qu’il demandait un visa pour rejoindre ses enfants, et non pour un séjour temporaire.
Les expulsions précipitées vers Ndzuani, laissant des familles déchirées, sont monnaie courante à Mayotte. Il n’est plus un secret que ces enfants, abandonnés à leur sort, sont exposés à diverses violences et subissent des traumatismes qui affecteront leur avenir. Pourquoi s’étonner du taux élevé de violence sur l’île, quand on connaît les causes et les responsables ? En 2015, environ 3 000 enfants, dont les parents avaient été expulsés, ont été recensés, un chiffre vertigineux.
«Je suis une victime parmi tant d’autres. J’ai été expulsé illégalement. Ils veulent que mes enfants deviennent des délinquants à Mayotte. J’appelle l’ambassade de France à faire preuve de raison, car il s’agit de la vie d’enfants», raconte Hamidou Mohamed, les larmes aux yeux.Il précise que sa fille, qui vient d’accéder en classe de terminale, a obtenu une bourse de 23 400 euros pour ses études, mais qu’il ne peut pas y accéder, l’argent étant sur son compte bancaire, à 70 kilomètres de Mayotte.
«Je crains vraiment pour mes enfants. Toutefois, je ne veux pas risquer ma vie et la leur en tentant la traversée en kwasa-kwasa. J’essaie de suivre la voie légale, mais aujourd’hui, mes droits fondamentaux, notamment celui de circuler librement, sont bafoués. Ils m’ont donné des motifs de refus non valables. Un père expulsé, une mère décédée, mes enfants sont laissés à eux-mêmes. J’appelle l’ambassade à faire preuve d’humanité», implore-t-il.
