«Nous sommes en état de guerre» a déclaré le Président français, Emanuel Macron lors de son allocution à la nation française sur l’état de la France face à la pandémie du Coronavirus, COVI’D- 19C’est une guerre mondiale livrée sans merci contre un ennemi invisible. N’est- elle pas perdue d’avance, compte tenue des armes illégales des parties belligérantes. D’un coté nous avons les Gouvernements des 5 continents, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest qui se sont érigés en front uni contre un ennemi commun puissant et imprévisible pour ne pas dire invincible et de l’autre, Le coronavirus connu sous le nom scientifique de covid-19 et dont on ne maitrise pas encore sa vraie nature. Entre panique et décès cliniques par centaines, la psychose est planétaire.
Cette arme bactériologique, connue des milieux scientifiques depuis quelques années, de la Chine aux Etats Unis en passant par l’Institut Pasteur de Paris et les réalisateurs de la série- fiction Coréenne, est venue nous surprendre , en ce début de l’année 2020 comme cela avait été prédit dans un rapport de la CIA, et en même temps, elle nous lance un défi mondial dans tous les domaines de la vie. Aurait- il été inévitable, si en rétrospection, les gouvernants qui détenaient l’information avaient agi autrement à hauteur de la gravité de l’urgence ???
Le premier défi médical se situe dans la mobilisation des laboratoires scientifiques du monde afin d’essayer de trouver un sérum ou un médicament contre ce virus mortel de la catégorie d’Ebola, du Sras ou encore de la grippe aviaire dite «de la Vache folle, H1N1».La fabrication des masques et des respirateurs est plus qu’urgente pour tous les pays touchés par la pandémie. Le personnel soignant n’en n’est pas épargné.
L’autre défi majeur qui impacte la vie quotidienne des familles est le chômage qui ronge toutes les classes sociales et qui va continuer à frapper toutes les nations du monde avec les mises en chômage technique de centaines et de milliers de gens, sans parler des dépôts de bilans de beaucoup d’entreprises qui mettent la clef sous le paillasson par manque d’activités ou de subvention.
En mode de confinement totale, la vie familiale est touchée de plein fouet, mais la grande question au cœur de toutes les familles et des gouvernements, reste l’éducation des enfants, de la maternelle à l’Université, un secteur crucial, non négligeable pour l’avenir des survivants.
A la fin du 2ème trimestre, les responsables de l’éducation comme tous parents responsables, se posent mille et une questions sur la situation actuelle, sur la fin de l’année qui approche, ainsi que sur les examens de fin d’année, avec comme corolaire le passage ou non en classe supérieure. Ce sont des questions légitimes et qui méritent réflexion avant d’entamer le dernier trimestre et la sortie des vacances.
En cette période de couvre-feu en France comme dans certains pays d’Europe et même d’Afrique, les élèves et étudiants sont confinés chez eux mais les cours ne sont pas pour autant interrompus. Les établissements scolaires et les professeurs travaillent tant soit peu, en ligne et que même ici à l’Ecole française de Moroni, les élèves reçoivent leurs cours et font leurs devoirs régulièrement en ligne, avec l’appui des parents exténués par les coupures intempestives de courant de ces derniers semaines et les consignes via le net et le web. Et pour ceux qui n’ont ni tablettes ni ordinateurs, ni parents internautes, que faire ?
A cet effet nous devons nous demander ce qu’est devenu ou ce que va devenir notre école publique en cas de confinement total pour le reste de l’année. Nos écoles et leurs enseignants sont ils préparés à l’éventualité d’une épidémie qui se prolonge au delà du dernier trimestre qui nous reste pour finir l’année scolaire ? Encore faudra –t-il voir dans quelles conditions cette année scolaire s’est déroulée durant les 2 premiers trimestres qui, entre grèves et revendications, risque de se terminer en queue de poisson.
Y aura–t-il passage en classe supérieure ou pas et sur quels critères ? Ou bien allons nous vers un redoublement général ? Et les examens nationaux ? Peut être pouvons nous faire abstraction de l’entrée en 6ème comme cela avait été proposé comme reforme d’il y a quelques années sans suite ; et pour le Brevet d’Etudes du Premier Cycle ? Où en sommes-nous et qu’en est-il de ce premier diplôme qui parfois conditionne le passage en classe de seconde? Et le Baccalauréat, ce passeport international pour les Universités tant nationale qu’Internationales ? En cette période de stress et de psychose généralisés, peut-on s’aventurer à organiser des examens dans ce climat de peur et de distanciation ?
Peut on aussi envisager une rentrée scolaire 2021 «extra muros» avec des cours en ligne et des enfants équipés de tablettes et d’ordinateurs pour un enseignement à distance comme dans les classes de certains lycées ou les cours sont assurés par le Centre National d’ Enseignement à Distance (Cned)
Le projet Pilote de la Banque Mondiale et de l’Union International des Télécommunications «un enfant, un ordinateur» avait déjà équipé 40 écoles en créant 40 salles d’ordinateurs dans des écoles à Ngazidja, à Mwali et à Anjouan.
Ou sont ces ordinateurs et que deviennent les enfants initiés à l’informatique depuis l’année dernière dans ces écoles ? La Convention qui allait être signée entre Ngazidja et l’Académie d’Amiens sur les Tics à l’Ecole allait nous montrer le chemin pour une informatisation modèle de notre système éducatif. Hélas !! C’est ici que nous pouvons apprécier la reforme judicieuse que le Gouvernorat de Ngazidja précédent avait voulu introduire l’informatique et l’Anglais dans les classes primaires. Avec le développement exponentiel de l’informatique et l’arrivée de la fibre optique à Haut Débit, l’école comorienne aurait pu s’adapter aux nouvelles technologies de l’information et de la Communication et être au rendez vous pour un enseignement à distance généralisé.
Est-ce que nos enseignants sont prêts pour «ce bon en avant» dans une nouvelle approche méthodologique ou tout se fait en ligne ? Il est grand temps que l’on se penche sérieusement sur ces questions qui doivent trouver des réponses adéquates avant que les mouvements sociaux ne se saisissent de ces revendications, qui viendraient s’ajouter aux avancements et autres arriérés de salaires qui attendent la prochaine loi de finances et la prochaine rentrée scolaire et universitaire.
Au vu des gros investissements qui sous-tendent la mise en application d’une telle reforme de grande envergure, l’on est en droit de se demander en matière de financement, si la Conférence des Bailleurs tenue à Paris pour le financement du Plan Comores Emergeants a pu tenir compte de cette dimension de l’éducation , dans le long terme ainsi que dans sa modernisation pour les défis du futur, compte tenu des besoins du pays en matière de formation mais surtout dans la perspective de la lutte contre le chômage des jeunes . Jose espérer que les pouvoirs publiques prendront le taureau par les cornes pour une réforme de notre système éducatif post Coronavirus, digne d’un pays émergeant.
Par
Dr. ABDOURAHIM SAID BAKAR