On le dit souvent. Les aéroports des Comores (ex Ampsi), ne se portent pas aussi bien qu’on ne le pense. La société (comme de nombreuses entreprises publiques) est confrontée à certaines difficultés que le nouveau directeur n’a pas cherché à dissimuler lors de notre entretien vendredi dernier. Maamoune Chakira, nommé le 27 mai dernier pour diriger l’Adc a d’abord souligné le caractère pléthorique du personnel [ il a refusé d’utiliser ce terme] qui touche l’ensemble des trois aéroports.
800 agents pour 1,5 milliard
«J’ai hérité d’une société disposant certes d’un potentiel mais qui est en chantier car ses statuts ne sont toujours pas mis en œuvre, même si le décret de création date de 2018. C’est une entreprise dont le chiffre d’affaires est en progression depuis des années [ il n’a pas avancé un montant]. Sauf que celui-ci ne suffit pas pour supporter les charges qui augmentent elles aussi considérablement», a indiqué cet ingénieur d’études en exploitation de l’aviation civile.
Parmi les obligations que l’administration peine à honorer, figure le versement des salaires des employés [ ils touchent toujours 80% de leurs salaires [depuis l’arrivée de la Covid] . Ceux-ci comptabilisaient trois mois d’arriérés y compris le mois de juin. Mais, la nouvelle direction a payé le mois d’avril et compte régulariser celui de mai cette semaine, espère le directeur général. «En réalité, nous avons un personnel qui non, seulement dépasse les besoins réels de la société mais qui n’est pas forcement formé dans les métiers aéroportuaires», a souligné Mamoune Chakira.
Un problème chronique
Par an, les 800 agents (estimation donnée par le Dg) travaillant dans les trois aéroports absorbent 1 milliard 500 de francs en termes de masse salariale, sans compter les autres charges courantes. Ce sureffectif, le successeur de Yasser Ali Assoumani le qualifiera de problème chronique qu’il faudra corriger. «Car même si nous engrangeons des revenus, ils s’avèrent toujours insuffisants en raison de cette masse salariale élevée», a rappelé cet ancien technicien de l’Ecole nationale de l’aviation civile (Enac) de Toulouse. Pour alléger les charges de l’aéroport, le nouveau patron a déjà tracé quelques pistes.
Au niveau des employés, le directeur a évoqué un plan de rationalisation du personnel dont le but est d’atteindre un effectif standard d’un aéroport. «Nous prévoyons d’élire les délégués du personnel. Car ce sont eux les premiers concernés. Ensemble, nous discuterons d’abord sur les voies et moyens qui nous permettront de mettre en œuvre le plan. Ensuite, on ira faire part au gouvernement qui est conscient du problème», a expliqué Maamoune Chakira. Sur le fonctionnement même de l’Adc, ce dernier a cité l’externalisation de certaines activités qui peuvent être bien assurées par des partenaires.
Il avancera par exemple le transport du personnel, la restauration, la communication mais pas que. «Après 28 ans d’expérience dans le domaine [ il a travaillé en France au Kenya, au Soudan ou encore en Namibie] j’ai constaté que l’aéroport s’est attribuée des services qui ne rentrent pas forcement dans ses prérogatives. Il faudra donc songer à mieux les organiser pour éviter les redondances. Ce qui engendre l’excès du personnel», a poursuivi cet ancien directeur d’exploitation de l’aéroport de Moroni.
Externaliser des services, réparer les pistes
Mais, a-t-il insisté, cela nécessitera des discussions au préalable avec des sociétés comme Com’air. S’agissant de ses priorités sur le court terme, le directeur de l’Adc veut d’abord organiser le cadre institutionnel. A ce stade, ils ont déjà adopté l’organigramme, manuel prévisionnel et un mode de gouvernance. En gros, les fondements de la société. Le second volet concerne en revanche la réhabilitation des infrastructures pour que l’aéroport réponde aux normes et exigences internationales. «On commencera par la réparation des pistes des trois aéroports.
Le gouvernement a accepté de nous accompagner. Il a déjà débloqué 1 milliard de nos francs. La deuxième phase sera l’achat d’équipements de sûreté. Là encore, on a reçu l’aval pour solliciter un prêt de 600 millions», a énuméré notre interlocuteur. Autre sujet d’actualité qui s’est invité lors de l’entrevue : les vols qui sont contraints de faire demi-tour comme ce fut le cas il y a deux jours avec Egyptair. «Ça arrive partout. Les vols prévoient toujours un aéroport de dégagement en cas de problème. Certains choisissent Dar es Salam ou Zanzibar», a-t-il rassuré.