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Mahmoud Ali Yaman, porte-parole de la Cocf I «Nous ne pouvons pas laisser nos enfants sombrer dans la délinquance sans agir»

Mahmoud Ali Yaman, porte-parole de la Cocf I «Nous ne pouvons pas laisser nos enfants sombrer dans la délinquance sans agir»

Société | -   Youssef Abdou

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À la tête de la Commission des Oulémas Comoriens en France (Cocf), Mahmoud Ali Yaman est actuellement en mission aux Comores pour faire reconnaître officiellement cette organisation par les autorités nationales. Dans un entretien exclusif accordé à Al-Watwan, il revient sur les origines du mouvement, les enjeux de la jeunesse comorienne en France, et les résultats concrets obtenus lors de cette visite. Le porte-parole de la Cocf précise que cette initiative est née d’un long parcours militant au sein de la diaspora comorienne en France.

 

Quel était l’objectif principal de votre mission aux Comores ?


Nous sommes venus dans le but de rencontrer le gouvernement comorien et leur présenter officiellement la Commission des Oulémas Comoriens en France (Cocf) et avec l’ambition est de collaborer avec les autorités locales et nationales pour lutter contre la délinquance qui frappe notre diaspora en France.

Comment la Cocf a-t-elle vu le jour ?


Cette idée de rassembler les oulémas nous habite depuis 2007, lorsque nous avons constaté l’existence de petites associations éducatives dans plusieurs départements français. Plusieurs structures œuvrant déjà à l’éducation religieuse, culturelle et traditionnelle des enfants comoriens. Et puis, après une série d’événements organisés depuis 2013, nous avons pu concrétiser cette vision le 6 juin 2023 à Marseille. C’est là que la Cocf est née, avec pour slogan : «Rassembler tous les éducateurs de la diaspora». Aujourd’hui, nous comptons plus de 120 éducateurs engagés dans ce projet à travers toute la France.

Pourquoi avoir choisi la lutte contre la délinquance comme priorité ?


simplement parce que les familles comoriennes qui vivent en France endurent une réalité très difficile. Les perquisitions dans les domiciles, les arrestations répétées, les comportements abusifs… tout cela crée un climat de peur et de désespoir. Chaque mois, nous enregistrons en moyenne quatre décès dans notre communauté. C’est insupportable. Nous ne pouvons pas laisser nos enfants sombrer dans la délinquance sans agir.

Quelle est votre stratégie pour lutter contre la délinquance des jeunes de la diaspora comorienne ?


Notre approche repose sur la prévention. Nous voulons limiter les contacts des jeunes avec les milieux à risque en leur proposant d’autres alternatives : activités culturelles, sportives et religieuses. Nous les responsabilisons aussi dans l’enseignement. Par exemple, les élèves des classes supérieures encadrent les plus jeunes. C’est une tâche exigeante, mais nécessaire. Il faut une force morale, physique et financière pour tenir, mais nous sommes déterminés.

La Cocf fait-elle l’unanimité au sein de la diaspora ?

Non. Pas encore. Mais les consciences s’éveillent petit à petit et de plus en plus de personnes rejoignent notre combat. Nous n’avançons qu’avec ceux qui croient en cette mission.

Quels ont été vos interlocuteurs aux Comores ?

Nous avons rencontré les oulémas du pays pour recueillir leurs conseils. Ensuite, nous avons été reçus par le Secrétaire général du Gouvernement, qui a salué notre initiative et nous a ouvert un canal de collaboration. Nous avons également échangé avec les Kadis au Mouftorat et le délégué de cabinet chargé de la Défense, M. Youssoufa Mohamed Ali alias Belou. Tous ont exprimé leur enthousiasme face à notre engagement.

Quels résultats concrets avez-vous obtenus ?

Déjà la reconnaissance officielle de la Cocf par le gouvernement comorien c’est une première victoire. Aussi, plusieurs canaux ont été mis en place pour faciliter les échanges et une commission de suivi a été créée au Mouftorat, au bureau du Kadi et au sein du gouvernement via le Sgg qui nous a demandé de rassembler nos doléances et propositions pour structurer notre collaboration.

Êtes-vous satisfait de cette mission?

Totalement. Nous avons franchi une étape importante. Comme le dit le prophète : «Celui qui ne s’intéresse pas aux problèmes de la communauté musulmane n’est pas des leurs, et le plus apprécié auprès d’Allah est celui qui rapporte du bien à sa communauté» Nous sommes prêts à apporter tout ce que la Cocf peut offrir au pays. La reconnaissance était une étape et maintenant il faut transformer cette confiance en actions, au service de notre jeunesse de la diaspora comorienne.

 

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