Rien ne va plus à la mairie de Mitsamihuli. Une querelle interne secoue l’exécutif communal, opposant le maire Chamssoudine Soulé à plusieurs conseillers municipaux autour d’un projet de construction situé à proximité du grand marché de la ville. Au cœur du conflit : des accusations de «gestion unilatérale», de «manque de concertation » et d’ «autoritarisme». Lundi dernier au matin, quatre conseillers communaux ont entrepris de retirer les marquages délimitant le futur chantier. Une action symbolique mais qui a eu de lourdes conséquences : trois d’entre eux ont passé 24 heures en garde à vue, à la suite d’une plainte déposée par le maire.
Parmi eux, Naid Ali Youssouf, conseiller municipal, justifie cette action par «l’absence totale de consultation du conseil communal». «Selon les textes, les travaux ne peuvent démarrer sans que les 19 conseillers aient été consultés. Nous avons adressé plusieurs courriers au maire pour demander une session sur la gestion des fonds, sans réponse», déplore-t-il. L’affaire ne date pas d’hier. Le 3 octobre dernier, le préfet de la région du Nord, Mchangama Abasse, avait déjà ordonné la suspension provisoire des travaux pour manque de concertation, par le biais d’un sursis préfectoral.
Une mesure qui avait déclenché une riposte ferme du maire. Dans une lettre officielle datée du 11 octobre, Chamssoudine Soulé a contesté la légitimité de la note préfectorale, rappelant que «les décrets et arrêtés ont une valeur supérieure à celle des notes circulaires» et jugeant cette dernière «inutile et inadaptée». Le maire revendique, par ailleurs, avoir tenu deux sessions du conseil communal en avril et mai, et assure que le préfet y avait été invité. Mais plusieurs élus municipaux semblent peu convaincus.
Le 21 octobre, huit conseillers ont signé un courrier collectif adressé au maire, réclamant la convocation d’un conseil extraordinaire pour débattre de cinq sujets urgents, dont «les travaux entrepris dans le cadre de l’aménagement du littoral». «Ces questions nécessitent une réunion extraordinaire en raison des décisions et actions unilatérales du maire impactant la collectivité», ont-ils écrit.
Entre le préfet, le maire et les conseillers, la rupture semble donc désormais consommée. D’un côté, l’exécutif communal défend sa légitimité administrative ; de l’autre, les conseillers accusent leur maire d’outrepasser ses prérogatives et de s’isoler dans une gestion personnelle de la commune. Cette tension, sur fond de rivalités politiques locales, pourrait bien paralyser durablement les projets de développement à Mitsamihuli.

