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Mairie de Moroni I Un rapport interne dévoile la mauvaise gestion présumée de la commune

Mairie de Moroni I Un rapport interne dévoile la mauvaise gestion présumée de la commune

Société | -   Abdou Moustoifa

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Le nouveau bureau de la mairie de Moroni qui n’a pas contesté le contenu accuse toutefois la secrétaire générale d’avoir sciemment remis à des médias sociaux ce document pour se laver de toute responsabilité dans cette mauvaise gestion. L’intéressée assure de son côté ne pas être à l’origine de la fuite.

 

«Etat des lieux sommaire de la commune de Moroni». Tel est le titre du rapport interne écrit par la secrétaire générale de la mairie de la capitale publiée sur les réseaux sociaux vendredi dernier. Désignée par la cour suprême pour prendre la tête de la mairie après l’annulation du processus d’installation des nouveaux conseillers communaux, Armia Mattoir est, depuis, sous les feux des projecteurs. Et pour cause : la sortie d’un document dans lequel elle dénonce la gestion calamiteuse à laquelle elle est en train d’assister depuis qu’elle occupe la fonction de secrétaire générale.
Si elle a reconnu être l’auteure de ce rapport annuel couvrant la période de juin 2019-avril 2020, celle qui gère désormais les affaires courantes de la commune, dément être derrière la fuite du document. «Je l’ai remis à des personnalités spécifiques. Mais je ne l’ai jamais donné à des médias sociaux», a-t-elle indiqué mercredi au cours d’un succinct entretien accordée à Al-watwan, refusant de faire le moindre commentaire.
Devenu viral depuis sa publication, ce rapport met en lumière les mauvaises pratiques qui perdurent au sein de la mairie de la capitale. Evincée selon ses termes après une mésentente qu’elle a eue avec la troisième adjointe, Armia Mattoir a malgré tout réussi a brossé un tableau qui n’est pas du tout reluisant mais plutôt alarmant sur le fonctionnement de tous les services. Et selon elle, tout le système est défaillant. Elle a révélé par exemple l’inexistence d’un cadre régissant le personnel. A cause de l’absence d’un suivi des recrutements, la masse salariale de la commune de Moroni va crescendo et a dépassé la barre de 8 millions de francs comoriens.

«Opacité sur les finances»

Sur le volet financier, rien n’est encourageant, d’après la secrétaire générale. «Pendant, ce dernier mandat, il n’y a pas eu un budget prévisionnel. Les communications annuelles sur les finances sont inexistantes. La traçabilité des opérations financières est à plaindre. Et de nombreuses dépenses engagées ne présentent aucune pièce justificative», a-t-elle écrit. Considérées comme les principales ressources financières de la mairie, les taxes que paient les marchands et commerçants qui travaillent dans les 3 marchés de la capitale, enregistrées sont au-dessous des prévisions.
En moyenne, les recettes des marchés devraient tourner autour de 8 à 10 millions de francs dont 5 millions rien que pour le marché de Volo-volo. Faiblesse des agents ou détournements des recettes ? On apprend dans le rapport qu’en une journée, les taxes issues des trois marchés n’excèdent pas 160.000 francs ? L’opacité règne également dans les contrats domaniaux, la location des magasins et l’attribution des parcelles. Une liste de location douteuse, des contrats non règlementés, un laisser-aller sur les panneaux publicitaires, sont, entre autres, des exemples cités pour illustrer cette «gabegie».

Hypothèque

Les redevances des ordures censées atteindre les 45 millions ne dépassent pas les 3 millions par mois, note-t-on. Malgré ces multiples irrégularités, la mairie de la capitale serait endettée auprès de certaines institutions financières de la place. Des contentieux causés par des prêts impayés (à peu près 62 millions de francs) contractés en seraient à l’origine de cette situation inedite. La Meck-Moroni et la Banque fédérale de commerce (Bfc) sont cités par la secrétaire générale. Pire encore, il se trouve que les responsables de la mairie auraient accepté d’inscrire l’hôtel de ville comme hypothèque. Ce qui fait qu’en cas de non remboursement, le créancier pourrait saisir le siège de la mairie.
Après ces révélations, le nouveau bureau de la commune de Moroni a reconnu qu’une enquête interne avait été diligentée afin de comprendre l’opacité pour pouvoir engager un plan d’assainissement. Il déplore, dans un communiqué publié le 23 mai, en revanche qu’un tel document se retrouve sur les réseaux sociaux. Le nouveau bureau estime que la secrétaire générale a aussi sa part de responsabilité. Il faut dire que l’hôtel de ville de la capitale n’est pas la seule commune dont la gestion est décriée.

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