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Maison comorienne de la culture et de la jeunesse I Un projet toujours en attente à Marseille

Maison comorienne de la culture et de la jeunesse I Un projet toujours en attente à Marseille

Société | -   Mahdawi Ben Ali

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La communauté comorienne réitère sa demande à la ville de Marseille, de se voir dotée d’un espace éducatif et intergénérationnel pour l’épanouissement de la langue comorienne, sa culture et son histoire.

 

L’ambassadeur des Comores auprès de l’Unesco, Mohamed Bajrafil, et l’élue écologiste dans les 15e et 16e arrondissements, Chahidati Soilihi, ont cosigné, en juin dernier, une lettre ouverte adressée au maire de la ville phocéenne pour réitérer le désir de la communauté comorienne de se voir doter un espace qui servirait à la création d’une maison comorienne de la Culture et de la jeunesse. Cette initiative, qui dure depuis bien des décennies, vient d’être mise au goût du jour à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance des Comores à Marseille.


Lors de la fête organisée au parc Bougainville, le maire Benoît Payan a rappelé l’attachement de la ville à la communauté comorienne, installée depuis plus d’un demi-siècle. Mais pour certains acteurs associatifs, les paroles ne suffisent plus. «Être aimé, c’est bien, mais il faut passer aux actes», s’est insurgé le président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), Nassurdine Haidari, dans le journal La Provence.


Les porteurs de ce projet de création d’une Maison comorienne de la culture et de la jeunesse soulignent que ce lieu serait bien plus qu’un centre culturel : ils le voient aussi comme « un espace citoyen, éducatif et intergénérationnel, ouvert à toutes et à tous, dans l’esprit d’une Marseille solidaire et métissée ».Ici, ils enseigneraient la langue comorienne, son histoire, ses musiques et ses danses. Et organiseraient des expositions, conférences, projections et ateliers.

Depuis les années 1990

Un lieu de transmission et de visibilité pour une communauté qui, malgré son poids démographique et son apport indéniable à la ville, reste trop souvent reléguée à l’ombre. « Ce projet est prêt. Il est porté. Il est attendu. Les associations, les artistes, les intellectuels, les éducateurs, les jeunes, les anciens… nombreux sont ceux qui souhaitent s’y investir. Nous avons besoin de votre engagement pour lui donner vie », précisent les signataires du courrier.


Ce rêve, pourtant, ne date pas d’hier. Dès les années 1990, des sollicitations ont été adressées à Lucien Weygand puis à Jean-Noël Guérini, alors présidents du conseil général. À chaque fois, les promesses préélectorales sont restées lettre morte. «Comme les autres communautés de Marseille, arménienne, juive, italienne… nous avons besoin de cet appui institutionnel. Nous aimerions que la ville mette à notre disposition un lieu avec un bail emphytéotique, qu’on rénoverait si nécessaire en allant chercher des fonds. Une fois ce lieu trouvé, on s’occuperait du reste en créant un restaurant solidaire pour les plus précaires, un repère structurant pour la jeunesse, comme pour les anciens», a précisé le troisième signataire de la lettre adressée au maire, Nassurdine Haidari.


Ce dernier espère qu’un accord sera trouvé avant les prochaines élections. « La classe politique nous écoute avant les scrutins, puis nous oublie. Cette fois, nous n’accepterons plus ce cycle », avertit-il. Et de déplorer l’absence de toute référence au projet lors de la célébration du 6 juillet. Malgré cela, il reste confiant. « Benoît Payan et moi avons le même âge. Je pense qu’il est sensible à la volonté d’intégration d’une communauté résiliente, qui veut prendre pleinement sa place à Marseille. Après tout, il est le premier maire des Comoriens au monde, puisqu’il y a plus de Comoriens ici qu’à Moroni, la capitale », ajoute Nassurdine.


Contactée par La Provence, la ville de Marseille a rappelé qu’elle soutient activement la vie associative locale, y compris celle des diasporas. Elle a toutefois précisé qu’elle n’a pas vocation à créer des structures comme les Maisons de la culture et de la jeunesse, celles-ci relevant d’initiatives privées. Elle a affirmé néanmoins encourager et accompagner ces projets, citant en exemple les festivités du 6 juillet, pour lesquelles elle a mis à disposition du matériel et des lieux, notamment lors du concert organisé place du Général-de-Gaulle.

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