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Malgré la baisse de la pauvreté, la disparité entre zones urbaine et rurale ne cesse d’augmenter

Malgré la baisse de la pauvreté, la disparité entre zones urbaine et rurale ne cesse d’augmenter

Société | -   Abouhariat Said Abdallah

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Le bureau de la Banque mondiale à Moroni a présenté,lundi 14 mai, à l’hôtel Golden Tulip, les résultats préliminaires du diagnostique systématique pays (Scd) au niveau des Comores ainsi que le rapport sur l’évaluation de la pauvreté. Ce rapport qui étudie l’évolution de la pauvreté se base sur la période allant de 2004 à 2014 et expose les causes qui ont concouru soit à la réduire soit à la maintenir à son niveau persistant.

 

Selon Rasit Pertev, représentant résident de la Banque mondiale aux Comores et en Afrique, la Banque mondiale travaille pour les Comores dans le cadre d’un partenariat pays.  Mais avant d’exécuter ce partenariat, il fallait faire cet exercice, un diagnostic pour voir ce qui va et ce qui ne va pas dans le pays, et où il faut mettre l’accent. “Le diagnostic stratégique du pays, c’est l’exercice qu’on est en train de faire, lequel comporte plusieurs contributions des experts internationaux et pas mal de consultations au niveau du pays”, explique-t-il. Pour Rasit Pertev, le visage de la pauvreté est très important parce que la Banque mondiale a deux objectifs : lutter contre la pauvreté extrême et partager les richesses. “La catégorie de la population la plus pauvre devrait avoir sa part dans la croissance économique. Et ce sont les deux objectifs fondamentaux dans ce travail. Nous réalisons des études approfondies sur la pauvreté et son évolution”, expose le représentant de la Banque mondiale.


Nadia Belhaj Hassine, économiste principale de la Banque mondiale, précise pour sa partque cette pauvreté est localisée dans certaines zones géographiques. “C’est ce problème qu’il faut essayer de résoudre, essayer d’homogénéiser les niveaux de vie soit entre les villes, soit entre les zones urbaines et rurales”, affirme-t-elle. Selon l’économiste de la Banque mondiale, “70% des pauvres sont concentrés dans les zones rurales et cette disparité qui existe entre le monde urbain et rural ne cesse de s’intensifier avec le temps malgré la baisse de la pauvreté au cours des dix dernières années”. Autre problème soulevé, c’est que la pauvreté est localisée dans certaines îles plus que d’autres, en l’occurrence Ndzuwani et Mwali, dont les taux de pauvreté sont beaucoup plus importants qu’à Ngazidja.

Inégalités

“Le problème est que Ndzuwani concentre aussi un très grand nombre de personnes pauvres comparé à Ngazidja, et même à Mwali,où la densité de la population reste en générale très faible”, précise Nadia Belhaj Hassine. Selon toujours elle, l’économie n’est pas encore suffisamment développée dans ces deux îles pour permettre aux personnes pauvres de participer au marché de l’emploi et avoir des emplois plus productifs qui leur permettraient de sortir de la pauvreté.


Par ailleurs, il est ressorti du rapport que le transfert des fonds de la diaspora a, à la fois, des impacts positifs et négatifs. D’un côté, il aide les familles pauvres à maintenir un certain niveau de vie relativement décent et à maintenir l’équilibre de la balance commerciale au niveau du pays ; et de l’autre côté il a tendance à réduire les incitations à chercher des emplois productifs. “Aujourd’hui, une bonne partie de la population, surtout des jeunes qui sont éduqués, sont démotivés à l’idée d’aller chercher du travail alorsqu’il est bien plus simple de se reposer sur l’assistance des transferts des fonds”, étaye-t-elle.


Concernant l’incidence de la pauvreté des Comores par rapport aux pays de la région, il en est ressorti qu’elle reste plus faible. Nadia Belhaj allègue que “si on compare les niveaux de vie au niveau international, on va constater qu’aux Comores la pauvreté est beaucoup moins importante que la moyenne en Afrique subsaharienne et dans les pays avoisinants. Par contre, si on compare le niveau de pauvretéà des îles comme Maurice et Seychelles, la pauvreté est dix fois plus importante aux Comores”. “Les Comores ont des atouts économiques, elles possèdent une population jeune et éduquée qui pourrait leur permettre d’atteindre les niveaux faibles de pauvreté qu’on est en train d’observer dans ces deux îles voisines – lesquelles ont des économies moins bien dotées que les Comores – à condition qu’il y ait une gestion politique favorable à l’accès aux services pour les populations pauvres, à l’amélioration des infrastructures, au développement du secteur privé et à la production des emplois formels”, conclut l’économiste de la Banque mondiale.


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