L’importance des mangroves en tant qu’écosystème unique et vulnérable a fait l’objet d’une table ronde le mercredi 6 août au Centre national de documentation et de recherche scientifique (Cndrs). Les intervenants ont échangé sur leur gestion durable, leur conservation et leur utilisation après avoir présenté leur situation au niveau national. Selon les données de l’Inrape (Institut national de recherche en agriculture, pêche et environnement), la superficie des mangroves au niveau des trois îles est estimée à 183,315 hectares, dont 84,91 à Mwali, 32,176 Ha à Ndzauni et 76,229 hectares à Ngazidja.
Une conférencière a rappelé un arrêté qui date du 5 août 1932 ordonnant l’exploitation de stannifère à la délivrance d’un permis de coupe par l’administration coloniale. «Plus de 75 Ha de mangroves sont perdus à Ngazidja, dans le site de Mwandzaza Mbwani, à 50 mètres d’une société coloniale qui n’est plus en activité depuis 1987. Un décret signé en 1988 visait l’interdiction de l’abattage massif des arbres à des fins commerciales», a fait savoir Andiliya Mohamed, enseignante à l’Université des Comores (Udc). Elle en a profité pour évoquer les quelques restaurations effectuées jusqu’à présent, qui se résument à des campagnes de reboisement et de collecte de déchets ménagers solides.
Purification et filtration
L’envahissement, le déboisement, l’écorce dénudée, l’extraction du sable, les décharges sauvages non reconnues, l’aménagement de piscines naturelles, la coupe des racines par plusieurs groupes de jeunes qui prétendent les utiliser à des fins thérapeutiques, ainsi que l’extraction de gravier sur ces sites, sont parmi les principales causes actuelles de la disparition des mangroves. «Certains habitants ne réalisent plus que les mangroves dépendent du sable et de leurs racines. Des opérations de nettoyage sont menées, mais les décharges sauvages persistent malheureusement. La restauration progresse, même si elle reste difficile dans certains endroits», a déploré l’enseignante de l’Udc. Lors de son intervention, Andiliya Mohamed a présenté un plan d’aménagement de la mangrove de Moroni, actuellement disponible pour assurer sa protection.
Elle a souligné l’importance de la mangrove, notamment sa capacité à purifier l’air (quatre fois plus efficacement qu’une forêt) ainsi qu’à filtrer les eaux avant leur arrivée en mer. «Or, cette mangrove se situe à l’Injs, où des enfants pratiquent des activités sportives. À proximité, on trouve du goudron, du ciment et des groupes électrogènes. Malheureusement, les élèves du lycée et les sportifs respirent du Co₂ au lieu de l’air pur de la mangrove. Pour la restaurer, nous avons dû adapter nos techniques de plantation des palétuviers en raison du changement climatique», a-t-elle expliqué.
Selon les conférenciers, 23 localités de Ngazidja abritent aujourd’hui des sites de mangroves. Sur cette île, 16 % des mangroves bénéficient d’une protection via le réseau national des aires protégées. À Mwali, toutes les mangroves sont intégralement protégées, puisque l’île est désormais classée réserve de biosphère. Quant à Ndzuani, la protection atteint 50 % grâce aux parcs marins. Kamaria Hassan, spécialiste en environnement, a par ailleurs insisté sur les études menées concernant la vulnérabilité des mangroves face aux changements climatiques.
Elle a également mis en avant la nécessité d’un suivi écologique rigoureux des sites restaurés. «Il est essentiel de disposer des ressources nécessaires pour assurer un suivi au-delà de la durée de financement des projets, et d’impliquer la population dans la gestion durable des mangroves. Cela peut jouer un rôle crucial dans la conservation de cet écosystème», a-t-elle recommandé.