Au total, 58 passagers d’un vol à destination de Moroni ont été soumis à un contrôle des liquidités transportées. Le comité anti-fraude en poste à l’aéroport de Dzaudzi a ainsi identifié trois cas jugées «problématiques». Deux dossiers ont été transmis pour «suspicion» de blanchiment présumé d’argent, les voyageurs n’ayant pas pu «justifier de manière satisfaisante la provenance des fonds».
Un troisième dossier concerne la non-déclaration d’un montant supérieur à 10 000 euros. Ce cas est en infraction directe avec la législation douanière appliquée dans cette île comorienne occupée. En vertu du code des douanes en vigueur, toute somme en espèces supérieure à 10 000 euros transportée lors d’un déplacement international doit obligatoirement être déclarée, sous peine de confiscation et de sanctions administratives, voire pénales.
Ces saisies interviennent dans un contexte particulier marqué par l’accroissement des liens économiques, sociaux et culturels entre les îles de l’archipel des Comores. De nombreux résidents de l’île de Mayotte voyagent régulièrement vers les autres îles, notamment pour soutenir leurs familles, financer des soins médicaux, des frais de scolarité, des projets personnels ou encore des cérémonies traditionelles majeures comme les grands mariages.
Des transferts d’argentfréquents mais mal encadrés
Le transfert d’argent en espèces reste une pratique largement répandue dans la région, en raison d’un accès limité aux services bancaires pour une partie de la population, et d’une tradition de circulation monétaire directe entre des proches. Toutefois, ces pratiques entrent parfois en contradiction avec les obligations légales de déclaration et de traçabilité des fonds. Si les autorités sur place justifient «ces opérations par leur volonté de prévenir le blanchiment d’argent, la fraude fiscale et le financement illicite», ces contrôles sont perçus par certains voyageurs comme «intrusifs ou discriminatoires, surtout lorsqu’ils ciblent spécifiquement les passagers comoriens».
Des contrôles critiqués
Des voix s’élèvent à Mayotte et dans les îles voisines pour souligner que ces flux d’argent ne sont pas toujours liés à des activités illégales, mais bien à des formes de solidarité inter-îles. A noter que pour beaucoup, la méconnaissance des règles douanières, faute d’informations claires ou accessibles, contribue à la multiplication de ces infractions.
Dans un communiqué publié sur Facebook, les autorités douanières et préfectorales de Mayotte ont assuré vouloir «agir dans un cadre respectueux et équilibré», en évitant «tout amalgame ou suspicion injustifiée à l’encontre des passagers comoriens».Le communiqué rappelle néanmoins que «le respect des règles douanières est une obligation légale, essentielle au maintien de l’ordre économique et financier».